Mémoires du Donjon
Une idée que j’ai eu cette nuit, lui passer le clavier et vivre à sa façon notre dernière rencontre sexuelle, en faire le récit qu’il aurait pu en faire, essayer d’entrer dans sa tête pour savoir ce qu’il s’est passé vraiment ce jour là et surtout les suivants.
Je l’ai écrit ce matin d’un seul jet, sans chercher les mots, son style m’est si familier !.., et je me suis sentie mieux ensuite. Comme si j’étais revenue à ce beau jour d'été où rien n’était encore joué.
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Cette brève rencontre en août, c’est elle qui l’avait voulue, et préparée depuis longtemps, incluse dans son circuit Sud /Auvergne. Elle ne voulait pas du break que je tentais d’imposer pour faire le point dans ma tête.
Il est vrai que depuis quelques mois, chacune de nos rencontres allaient vers un mieux certain, depuis que j’avais « levé » la deadline des dernières trois fois (voir mon récit "15 22 29") et elle avait bien raison de profiter de son avantage.
« On dirait que tu m’en veux moins maintenant ? – On peut dire ça comme ça » avais je prudemment répondu.
Et puis j’avais toujours dans l’autre main le joker Sophie, ma nouvelle « élève » qui renouvelait un peu mon intérêt pour le donjon, et en quelque sorte me protégeait de son emprise exclusive.
Pendant le week end de garde précédant notre rendez vous – horaires âprement discutés, je proposais une heure et demi, elle en voulait quatre, elle aurait trois heures et demi !- je me sentais plutôt bien disposé.
Moins de charge de travail peut être ? Je ne sais pourquoi mais on a beaucoup discuté ces deux jours là, et j’ai commencé par lâcher du lest : lui rendre mon mot de passe, qu’elle me réclamait depuis des mois ! brusquement, comme ça, et une fois que la digue est rompue je sais que j’ai du mal à m’arrêter.
Je l’imaginais sauter de joie devant son écran, cette salope, et curieusement cela me faisait plaisir.
Mise en confiance, elle se montra charmante et attentive à pousser son avantage : je devais maintenant, jeudi prochain, « baiser ou me mettre à table » (au début il n’était déjà pas question qu’on fasse l’amour ce matin là : il fallait arrêter l’escalade de ces derniers mois qui me » posait problème » à nouveau).
Son expression un peu vulgaire – que je n’aurais pas reniée ! - m’a excité stupidement et je suis allé dans son sens, « je préfère te baiser plutôt que d’être interrogé sous la lampe de Roland ! » ai je plaisanté.
Et c’était vrai, alors, au cours de la journée, je me suis donc « mis à table » sans attendre, lui donnant tous les renseignements voulus sur le calendrier de l’aventure Sophie.
Je n’avais pas retenu les dates par cœur, tellement ça comptait peu pour moi, j’ai du aller les chercher dans mon carnet, elle a du patienter pour les avoir, mais ne m’a pas mis la pression.
Contente de l’idée de baise prochaine, contente du mot de passe ..
Entre temps, elle m’a avoué qu’elle avait retenu un hôtel à deux pas de chez moi, tout en me jurant qu’elle ne viendrait pas voir ma maison, qu’elle n’en avait pas envie, tu parles !
Au point où j’en étais .. on s’est mis chacun de notre coté sur Mappy, je lui ai appris à faire la copie d’écran .. elle a voulu deviner où ma maison se situait, ignorant le numéro, qui ne figure pas sur mon carnet de chèques (hâtivement visionné par elle en septembre, la chienne !)
On a joué pas mal de temps avec ça, elle a fini par trouver, et à la fin de la conversation, ou bien le lendemain je ne sais plus, je lui ai sorti toutes les dates avec Sophie.
Elle a été surprise que je ne couche jamais le premier soir (sauf avec elle of course !) et que la chose ne se soit passée qu’à la troisième rencontre, pendant qu’elle était « en exil » à Lisbonne. Cela minimisait, à son avis, ma faute.
Bizarrement, ces aveux complets ont apaisé sa jalousie, et la baudruche Sophie s’est dégonflée piteusement, à mon grand agacement, elle ne m’en a plus jamais reparlé, certaine que l’affaire se terminerait sous peu. Elle savait, la garce, que l’aveu (comme pour E.) précédait toujours la fin prochaine de mes petites frasques.
En quoi elle ne se trompait pas, sauf que cette fois, la rupture est venue .. de mon joker ! le mardi précédant la venue de M., Sophie m’informait que non « elle ne viendrait pas le 21 » car elle avait trouvé la Mecque du plaisir avec .. une femme dont elle était tombée amoureuse ! et madame se serait sentie en faute de continuer avec moi .. Bien sur, comme on dit dans ces cas là, on pourrait « rester amis », tu parles !
J’étais donc un peu chiffonné par cette façon d’avoir été en quelque sorte largué, ce n’est malgré tout jamais très agréable. Est ce que cette vexation a joué un rôle dans la suite des événements, se retournant contre elle ? sans doute, mais je n’en suis pas sur.
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Ce matin là (il n’était que 9 heures, notre rendez vous le plus matinal, à part celui du café à 8 heures de juin 2011, que l’on n’aie jamais eu pour faire l’amour.
Mais nous étions au rendez vous, elle rayonnante, moi plutôt souriant et d’ailleurs je l’ai embrassée tout de suite.
Un mécano aux abords du garage nous a demandé où nous allions ! j’ai dit qu’on était des amis de Roland tout en brandissant mes clés..
Sur les marches de l’entrée, les fourmis avaient élu domicile, il faisait déjà chaud en ce matin du 16 août.
Je l’ai encore embrassée longuement dans la cuisine, je crois que je la désirais .. alors pendant qu’elle s’évertuait à préparer le café, sans trouver les cuillères je suis monté régler la clim à l’étage. Elle avait apporté des dosettes, et des sucrettes pour moi.
Elle eut vite fait de me rejoindre avec les deux tasses en équilibre périlleux, les a posées sur le bar et s’est assise sur un des tabourets.
Elle a du me sentir bien disposé, car elle a attrapé ma ceinture entre ses doigts (elle adore faire ça) et m’a attiré contre elle tout en m’embrassant .. vérifiant en douce ma bandaison naissante.
Nous devisions en même temps, je ne saurais dire de quoi, mais l’ambiance était à la fois détendue et .. tendue, car je bandais bien sur, et que faire d’autre sinon me livrer à elle, dégrafant mon jean et m’offrant à ses mains, à ses lèvres ? ..
Et puis je ne sais comment, au lieu de boire le café, on s’est trouvés imbriqués l’un dans l’autre, elle avait réussi à faire tant et si bien que je l’ai pénétrée en douceur et diable comme c’était bon !
Cette séquence magique a duré un temps infini, elle n’a pas quitté son tabouret, je n’ai pas défouraillé, on baisait, on parlait, on se regardait de tout près, fascinés par ce délicieux foutrage, tellement spontané, à un moment je lui ai dit « j’aime ton visage quand tu jouis » ..
Le tabouret oscillait sous ses fesses, bien sur la salope était venue sans culotte, sous sa jupe sage à rayures noires et blanches, sans ses bas aussi, rien que ses cuisses maintenant légèrement bronzées, qui m’enserraient dans leur étau de chair.
Au bout d’un long moment, je me suis rendu compte que je n’avais pas eu le temps de mettre la musique, et que nous n’étions même pas entrés dans la sombre pièce donjon ..
Elle qui n’aimait pas baiser sans musique ni en pleine lumière, qu’était elle en train de faire ?
C’était fou, on a du rester une heure ainsi, carrément l’un dans l’autre, parfois nous riions, parfois nous parlions, trempions nos lèvres dans le café refroidi, et puis la sarabande reprenait, haletante.
Elle a tenu à prendre des photos, fascinée elle aussi par la tournure des événement sans doute, me prouvant qu’elle n’avait plus peur de ces photos crues en plan rapproché.
Je l’ai laissée faire, même si j’avais eu le projet d’en faire avec le retardateur, et si diable j’avais su faire marcher ces fameuses caméras !
Elle avait aussi, la dernière fois, regagné le droit de faire des photos de moi, pire encore, de moi en cage ! avec un collier, une laisse, putain quelle folie, il faut arrêter ça !!
Je crois bien qu’elle voudrait aussi d’autres photos plus anodines, plus classiques, d'elle avec moi, mais ça, elle n’osait pas encore.
Puis on fait une pause en se rejoignant sur le canapé du salon, elle s’inquiète soudain, elle sait que tout à l’heure je rejoindrai directement mon épouse pour déjeuner avec elle, et que cela risque d’être culpabilisant pour moi. Et donc pas bon pour elle !
Je la rassure, « quand tout se passe bien, quand j’ai envie, je n’y pense même pas ! » lui dis je légèrement.
C’est là que je lui avoue aussi la défection de Sophie, elle n’en est qu’à peine surprise mais doit se réjouir en secret ! Je m’en veux de lui avoir dit ça, mais ça me travaille tout de même un peu, et puis j’ai besoin de faire table rase, je sais maintenant que ma tentative d’indépendance était vaine ..ne valait pas tellement le coup..
Sur le canapé, toujours sans musique, et sans que je lui demande de « s’habiller » nous faisons encore l’amour, nous ne sommes pas encore entrés dans le donjon dont la porte ouverte nous invite pourtant ! je crois qu’à un moment un « ma chérie » m’échappe malgré moi. .. elle n’en sera pas sure non plus !
Je lui explique que j’ai fait « le tour des attractions », et juste pour l’embêter, « avec toi » .. sous entendant qu’avec de nouvelles proies, j’étais encore capable de m’y intéresser, d’avoir envie d’attacher, de soumettre .. Petite vengeance d’avoir envie de te baiser, salope, plus que toute autre ..
Elle accuse le coup, mais elle se sent trop rassurée pour me chercher querelle ..
Il est l’heure de l’apéritif déjà, et je sors du frigo qui ferme mal, notre bouteille de muscat commencée en juin. Sophie préférait le jus de fruits.
On discute encore un peu, le temps passe vite, et on se retrouve enfin dans la pièce noire éclairée en rouge, sur le canapé bleu, je la prends en levrette et j’en finis avec elle.
Quelque part ma résolution est prise.
Même si en finissant nos verres, je lui dis impulsivement :
, « tu sais, on peut se voir en septembre si tu veux » elle étonnée : « et nos voyages ? » me dit elle (elle va à New york au milieu du mois, et ensuite je pars à Prague quelques jours avec ma femme et nos amis)
« on peut se voir après les voyages ! avant que je parte aux Andes le 1er octobre ;c’est un peu juste mais jouable. »
Elle me regarde ébahie, mais déjà conquise par l’idée, un calendrier dans la tête !
Putain mais qu’est ce qu’il m’a pris ? on devait normalement faire un break jusqu’en novembre, et déjà je viens de le rompre !
C’est donc un peu troublé de ma réaction « à chaud » que je l’aide à ranger notre petit désordre, descendre les verres, etc .. tous ces rituels qu’elle aime bien j’en jurerais, et qui vont lui manquer.
Elle ne sait pas que je viens de lui faire l’amour pour la dernière fois. Moi je sais, je crois. Un je ne sais quoi est passé, plus proche d’un grain de sable que d’un ange .. mais quoi ? pourquoi maintenant alors que TOUT VA BIEN ?
L’idée n’est pas encore très claire dans ma tête mais se confirmera bientôt, surtout quand elle commettra l’imprudence, la pauvre innocente, de m’envoyer ces photos que je lui décrirai « crues, charnelles, violentes » car je les reçois, pour la première fois, comme un uppercut ...
Je ferai même semblant de plaisanter en voyant sa réaction dépitée : « Je te fais marcher, elles m’excitent ces photos, elles me font bander ! » J’ai eu pitié de sa déception, oui .. la pitié dangereuse ..
Mais pour l’instant, en cette belle matinée estivale, elle est heureuse, elle est dans l’insouciance, elle se paye le luxe de me prendre en photo, cette fois gentiment, devant la porte du donjon une fois dehors dans la chaleur de midi.
Je lui souris, sur ces trois photos à ma façon toujours un peu grimaçante, un peu équivoque.
Je veux qu’elle parte heureuse et sereine, je lui prend la main et je l’embrasse encore avant qu’on se dise au revoir .. sinon adieu ?
Elle passera de belles vacances ..
Bises Luc