Mémoires du Donjon

Alors que ma fille se pavane en famille à la Réunion, je garde la maison et les chats depuis maintenant six semaines.

Elle est là, elle


Et moi, là!

 

 

 

Le temps passe très vite, agrémenté de tourisme villageois, de cafés avec Henriette, ou Astrid, et des baignades dans la piscine qui cette année, n’a point verdi.
Les seules contraintes  sont de penser à nourrir les poissons le matin, et surtout de désherber sans relâche le grand potager, y semer les haricots verts, toutes les quinzaines,  planter des salades et ramasser l’abondante production de courgettes. Puis les couper en morceaux et les congeler toutes crues, ou en faire des cakes salés à congeler également (les gratins décongelés donnent trop d’eau).

J’ai commencé aussi à repeindre la cuisine, éradiquant les  nids à poussière et jetant tout ce qui est inutile et périmé,( comme moi !)
Je m’occupe également de nourrir les trois chats dont un de la voisine absente également, mais eux savent me rappeler à l’ordre, contrairement aux poissons.
Je dors bien, surtout sur le matin après un grand morceau de nuit blanche,  grâce au sirop pour la toux (Toplexil) qui fait office de somnifère sans pour autant calmer cette mauvaise toux qui me harcèle depuis un mois. Pas de cause apparente, sinon peut être l’envie de cracher ma vie, même dans ce cadre verdoyant, elle m’ennuie, me déçoit, comment ne pas penser aux flamboyants autres étés depuis quatre ans que cette maison est dans la famille ?
Il aurait suffi, pourtant, pour que l’été soit aussi beau, que tu me regardes mieux dans ma petite robe à pois et revienne entre mes cuisses. A quoi ça tient, les choses ..

Je ne vais plus à Lyon et ma carte Ugc n’est plus activée : on ne propose que des gros trucs américains ou des films pour enfants. Bientôt le nouveau  Woody Allen à la rentrée ? il est inégal parfois mais c’est Woody Allen, l’amour et l’humour, les belles villes, les belles filles, le premier film de lui qu’on verra chacun de son coté, sans en parler ensuite.
Quoi encore ? je remplis des descriptions d’hôtel pour trivago, de préférence situés dans des endroits que j’ai connus, c’est plus facile et plus juste. Mais le site a changé, il est devenu marchand avant tout et on perd peu à peu nos possibilités de création (et de rémunération !) C’ est drole, trivago a couvert  entièrement la période T, depuis septembre 2007 où je m’y suis inscrite, et maintenant il me coupe les vivres, également. Il est devenue comme lui, fermé, rébarbatif : veut on connaître les atouts d’une région, d’une ville ? on tape le nom dans la recherche et on tombe maintenant sur une stupide liste d’hôtels à comparer et réserver ! Ils ont même une pub à la télé, et ils nous jettent après usage, avec nos avis, nos créations d’attractions, restaurants, hotels etc et nos photos bien sur, devenus invisibles. Décidément ..

J’écris quelques chapitres de la biographie de ma sœur (avec mon regard particulier), mais j’ai du mal avec, cela réveille tant de choses, et puis  ce qui me fait vraiment du bien et du mal en même temps, c’est écrire ce blog, une sorte de journal extérieur, et à mes quelques visiteurs parler de nous, évoquer ces milliers d’images de nous, de situations, de saisons, ces paroles, ces rencontres, une sorte de monomanie un peu délirante qui m’inquiète parfois. Et par contraste, ma vie maintenant. Ce blog conçu au départ comme un lieu de mémoire de mes exploits érotiques, est en passe de devenir tout autre chose .. mais reste le seul lien putatif entre toi et moi.  l’évolution est si j’ose dire, tristement amusante.
 

J’ai essayé de m’inscrire (ou revenir) sur des sites « olé olé »  pour y faire des rencontres uniquement sexuelles, trouver surtout un accompagnateur chevronné et toujours intéressé par le sexe, pour me sortir en club, qui pourrait  être aussi un confident, un consolateur, un réveilleur des sens.
Mais personne ne correspond à ma recherche, chez aucun je ne retrouve cette magie du verbe qui m’avait séduite chez T. : lui n’était pas mon genre physiquement, je me  gaussais de  sa vantardise, de ses déballages conjugaux, mais sa façon d’écrire m’a fait dépasser ces détails: un style fluide, à la fois littéraire et vulgaire, voire cru, parfois touchant, sincère,  une sorte de tir nourri d’artillerie lourde, un siège en règle qui a fini par avoir raison de moi (au bout de 6 mois quand même ! honneur à sa patience infinie ..) Quand je me dérobais, ou me mettais en colère, il revenait à la charge, me proposait autre chose, une rencontre « autour d’un café », et  jusqu’à des simples massages aux huiles essentiels ! l’idée m’a tellement épouvantée que j’ai encore préféré une entrée en matière plus ..brutale ! Il devait s’attendre à cette réaction ..
Le jeu du chat et de la souris avait donc duré des mois, mais dans mes actuels essais de contact, rien ne fonctionne, ni d’un coté, ni de l’autre. Les échanges sont pauvres et bien vite ennuyeux, contraints, espacés.
Je ne peux m’empêcher de comparer et ils le sentent, que je ne leur laisse aucune chance. Comment « lui » aurait réagi dans un tel cas ? si je n’avais pas été libre dans ma tête, dans mon cœur, aurait il tant insisté ? je ne le pense pas. Son challenge était de « mettre fin à 15 ans de chasteté » et d’ajouter ce phénomène de foire à sa collection. J’étais à l’époque à part cela,  une bien piètre conquête et je me demande encore ce qu’il avait pu me trouver, maintenant il doit se le demander aussi ! Et regretter amèrement sa lubie avec l’épée de Damoclès au dessus de son petit confort! Bien fait pour lui.

Exit dont, les prétendants, inscription désinscription, fins de non recevoir ou silence radio, selon le cas.
J’ai voulu aussi, refaire les photos dans la cabane du  jardin. J’ai ressorti la même petite robe à fleurs que je portais alors, j’ai regardé encore une fois les poses pour les reproduire à l’identique, avant de me lancer, le 11 août dernier ..
Le résultat fut déprimant. Non que mon corps aie visiblement changé, non, toute  la différence est dans l’attitude mentale, qui semble brider mes gestes, j’ai  la tête rentrée dans les épaules, une expression crispée, triste, ce qui s’accorde bien mal avec le frivole propos !
Impossible après un an de pénitence, de retrouver l’abandon sensuel d’alors - ce don de soi qu’ »on » me demandait ..et que je donnais sans mesure …  l’important, c’était le fait que ces photos m’aient été « commandées », par celui qui venait de m’offrir cette belle bague or et brillants, mais qui déjà j’en suis sure, méditait de mettre fin à notre relation devenue encombrante et « culpabilisante ».
Mais à ce moment la  j’étais loin de m’en douter bien sur, et j’avais joué le jeu avec une déconcertante facilité, la séance solitaire (mais faite  pour lui) avait été fluide, naturelle, et le résultat plutôt concluant ..
Cette seconde séance illustre donc parfaitement l’importance du mental dans ce genre de séance, de la motivation, et du « pour qui ? pour quoi ensuite ? ». Exit aussi les photos, poubelle, sauf deux ou trois que je conserve pour bien me souvenir de ma déconvenue et ne pas être tentée de recommencer, ça ne sert à rien, car  tout est dans la tête.