Mémoires du Donjon
En choisissant Brooklyn comme domicile pendant mon voyage à NYC, j’ai découvert un autre monde, un aperçu de l’Amérique profonde à 25 minutes du cœur de Manhattan, Halsey Station, ligne L. 1008, Wyckoff avenue. Je passais d’un monde à l’autre deux fois par jour : le matin, et le soir, un quartier populaire, à majorité latino, maisons basses et jardinets, boutiques et ateliers,et la journée, les fastes légendaires de Manhattan, le plaisir de revisiter à ma façon ces dizaines de scènes de films, de livres et découvrir ce que je n'attendais pas, et vivre, vivre plus fort!
.. Mais le soir, c’est avec une reconnaissance légèrement épuisée que je réintégrais mon petit quartier, et ma chambre cosy !
Je ne l’ai pas regretté, déjà le prix de l’hotel divisé par deux, à confort égal, un véritable appartement au charme vintage années 80, mais où j’aurais pu passer le reste de ma vie !
De la baie triple vitrage protégée par de lourds doubles rideaux et des stores électriques, on voyait luire l’étoile rouge de l’Empire State Building, à peine lointain ! Il n’y avait que deux chaines à la télé dont une latino, mais le premier soir, j’ai tenu le coup (pour rattraper le décalage horaire) en regardant le film tiré de « Sex in the City »et en vo non sous titrée ! On peut dire que ça commençait bien, les aventures des quatre copines new-yorkaises ont été pour beaucoup dans ma lubie d’aller sur leurs traces frivoles, au cœur de la grosse pomme !
En bas une station service, une épicerie ouverte toute la nuit, le métro, et cette impasse au coin du motel, où je venais tous les matins après le petit déjeuner offert (café, bagel, beignets) boire mon troisième café et fumer ma clope, contre cette maison bleue qui n’avait rien à envier à celle de Frisco ! Tout en révisant le programme du jour, avant de descendre dans le métro jaune et vert légèrement vomitif, vieillot et dépourvu d’escalator, mais tellement sur, dit on ! J’y ai assisté à un super spectacle hip hop où une petite troupe multi raciale se produisait avec la plus grande énergie au centre d’un public enthousiaste.
Un dimanche matin, seule sur le quai de ma station, j’ai été témoin de l’arrestation en douceur d’un individu qui semblait complètement stone : sur la photo, il est au second plan, en claquettes, et on distingue un peu ses menottes, au premier plan, c’est un des deux policiers en civil, costume rayé, très «Incorruptibles » ! j’ai voulu rester discrète et la photo n’est pas excellente, prise à la hâte, faire ça est sûrement, ici, proscrit par la loi !
J’allais donc à l’autre bout de Brooklyn assister à l’office gospel du Brooklyn Tabernacle, dans un superbe théâtre Art Déco des années 30. Le couple de pasteurs sont des blancs, le chœur (semi professionnel) ainsi que l’assistance de toutes les races du monde. Des écrans géants retransmettent ce qu’il se passe sur la scène et les paroles des chants y défilent comme pour un karaoké ! Les chants (très mélodieux et faciles à retenir même sans connaître !) sont entrecoupés des sermons du révérend, et c’est tout juste si je ne comprenais pas tout (le don des langues donné par l’Esprit Saint ?!) Mais j’ai attendu en vain la célébration elle même : ici, point d’Elévation, point d’Eucharistie, c’est plutôt un spectacle participatif! Aux moments forts des sermons, des gens se lèvent, les bras en l’air, reprenant les incantations, ou pleurant, répétant « Yes, Yes … » c’est très impressionnant.
Rien a voir avec les messes catholiques et encore moins protestantes tellement barbantes ! c’est vraiment autre chose.
Après l’office, un repas fraternel est prévu, mais je n’ai pas le temps, je me contente de passer dans les étonnantes toilettes toutes en marbre et bois sombre ! très kitsch.
On est au centre de Brooklyn, loin du quartier populaire où je loge, je me balade dans le quartier « hollandais » et ses maisons anciennes, toutes différentes, mais toutes avec leur perron à escalier et leur toit pentu. J’y croise des familles bobo avec enfants arrimés aux vélos de leurs parents chics et décontractés. Le centre ville, même un dimanche, est animé, et les artères en sont gigantesques !
Tout proche, voici l’ancien port de Brooklyn, maintenant désaffecté et réservé aux bateaux taxi.
Depuis Fulton Park, on a une vue imprenable sur la skyline de Manhattan, et une échappée, à gauche, sur la Statue de la Liberté.
La verdure laisse place aux quais aménagés, un peu comme le quartier Doca de <Lisbonne : on a transformé les entrepôts (brique rouge, escaliers extérieurs) en restaurants, boites de nuit, magasins, On fait la queue aux deux établissements où j’avais l’ambition de me nourrir : la pizzeria Grimaldi et l’Ice Cream Factory ! recommandés par le Routard mais victimes de leur succès !
Incapable d’attendre mon tour, je trouve mon bonheur chez Jo, qui propose, dans sa cour de garage, de savoureux burger « organics » à la mode suédoise (choucroute et oignons rouges en sus !) en voila une bonne adresse, j’ai parfois le chic pour dénicher les bons plans ! la cour du garage fait aussi brocante, on déguste son burger sur de petites tables en métal, avec une bonne Bud et à l’abri de la petite foule des quais.
Retour sur la promenade : un mariage en robe blanche s’y déroule, et je n’en perds pas une ! sur fond, toujours de la skyline inoubliable, et du va et vient des péniches sur l’East Side River. Les hélicos de la sécurité vrombissent dans le ciel, mais c’est quand même serein, des chaises colorées sont à disposition des flaneurs, ainsi que des bancs, des mouettes se perchent sur les rambardes du quai. Il fait beau, l’air sent bon l’océan. Je me sens vraiùment la meilleure !Et j’aimerais que ces instants durent toute la vie ..
Je termine la journée en face, après avoir traversé le mythique pont de Brooklyn, et sur le port de NY, Pier 17- je trinque à mes amours, à la vie, à l’avenir .. Chez Victoria Secret, je m’achète trois adorables petites culottes très girly (dentelle noire, du rose, du panthère ..) que je n’aurai pas , hélas l’occasion de porter « en situation », mais ça je ne le sais pas encore et c’est tant mieux ! En ce dernier soir outre Atlantique, c’est un doux et pur bonheur qui m’envahit, sans nuages autre que le départ du lendemain.
Kiss you and see you soon
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extrait de la converse du 30 aout 2012 :
"Je ne te lâcherai pas la main pendant ton voyage à New York
- Merci, j'avais besoin de ça
- tu verras, ce sera super
- Oui, je sais .... "