Mémoires du Donjon
J’ai terminé « Cet instant là », et c’est moins compliqué que le laissait prévoir la citation de Luther ce titre, même si j’ai eu du mal, submergée par l’émotion, à lire le dénouement de ce roman cruel sur la trahison, l’absence, le regret, le gâchis.
Je ne dirai rien de l’intrigue, passionnante - tournant autour du mur de Berlin, de la Stasi, des années de plomb - pour ne pas dévoiler la fin, juste ces mots, laissés par l’héroine des années plus tard à celui qui l’a trahie par erreur :
« T’aimer, être aimée de toi, quel privilège. Je te méritais, tu me méritais. L’instant s’est présenté, et il est passé. Je pense toujours à nous, et je pleure.
Ich liebe dich. Damals. Jetz. Immer.
Deine Petra.“
La seule fois où j’ai pleuré depuis que je suis à Lisbonne.
********************************************************************************************************
Le second livre que j’ai commencé hier dans un jardin suspendu, c’est celui qu’il m’a offert, il ya plus de trois ans déjà, et que j’ai eu envie d’emporter et de relire: « les Vaisseaux du Cœur » de Benoite Groult. Il m’avait dit alors qu’il ressemblait à notre histoire. J’ai été surprise qu’il aime un roman de femme ..
Sur le moment je n’avais pas pris garde à tout dans ce roman, tellement insouciante encore et puis on était en pleine période de libertinage et cela me troublait quelque peu - mais en le relisant, je vois bien son intention, les messages qu’il avait voulu, déjà, me faire passer avec cette attention qu’il avait alors pour moi.
Deux etres que tout séparent, mais qui restent unis par une attraction sexuelle (et davantage) indéfectible, qui se retrouvent une fois tous les trois ans, voire plus(lui est marin pêcheur, marié, psycho rigide, elle prof de fac itinérante, en couple de convenance)
Voulait il me dire qu’on pouvait comme eux se séparer et se retrouver même après des mois et des années de séparation ? Sauf que nous, on a moins de temps devant nous et surtout que son désir s’est éteint.
Avant le séisme, il suffisait, comme les deux personnages du livre, qu’on se trouve dans la même pièce pour que .. et même dans un ascenseur, et il me le répétait souvent, non sans fierté d’abord puis avec le mépris de lui même, et il me l’a dit encore une fois, un mois avant la catastrophe de novembre, ou celle de mars je ne sais plus, il y avait cru jusqu’au bout .. oui, en juillet il avait apporté son petit flacon de gel douche familial ..
Le roman :
Elle est libre dans sa tête, lui pas, et rongé de culpabilité. Mais pourtant il lui revient toujours, quelque part dans le monde où ils se donnent des rendez vous. Elle s’agace de son inculture souvent et en dépit de tout ça, leur histoire dure … trente ans ! et ne s’achèvera que par la mort de Gauvain.
La façon qu’à l’auteur de parler de l’amour charnel est bouleversante, et même parfois drôle et subversive ! En son temps, T a du apprécier cela, et il a pensé que j’aimerais aussi.
Oui ce livre était fait pour moi, pour nous, si on avait continué - il aurait pu m’en offrir d’autres, ses choix sont tellement pertinents ! le premier c’était un roman de Romain Gary « Au dela de cette limite, votre ticket n’est plus valable ». Il pensait à qui ? à lui ? à moi ?