Mémoires du Donjon

C'est difficile octobre, car je me souviens trop de ce lointain octobre - quatre ans! - si tendre, si complet, si fou aussi, mes deux voyages en train, le premier pour les baguettes et le second pour la suspension et la première sortie au Mont Faron, malgré la présence toute chaude de madame qui avait voulu déjeuner avec lui.

 Et enfin " la voie est libre, viens, je t'emmène!". La culpabilité à cette époque, ne pesait pas lourd en face de son envie de moi, toujours et toujours plus !..

C'était de l'amour, alors, enfin non, du désir profond, inventif, et plein d'émotion. S'il m'avait aimée il ne m'aurait jamais fait subir .. tout ça, jamais ça ne serait arrivé ces trois ruptures en septembre.

 

Mais alors, on y croyait, et jamais mois d'octobre ne fut plus beau pour moi, victorieuse sur toute la ligne (sur Emilie pour qui j'ai du rédiger "sa" lettre de rupture..) ; mais je savais bien qu'un jour ce serait mon tour, oh oui je le savais mais ne pouvait pas l'entendre, ça aurait été dommage d'ailleurs, je savourais ce temps, "mon temps" , et je te rendais heureux ..

Octobre et les images me viennent en vrac : ma petite robe noire style Courrèges, ma besace rouge, mon sourire éclatant, "Jour de souffrance" de Catherine Millet que j'étais en train de lire, mais moi je ne souffrais pas! le long shooting narcissique sur le pouf bleu du All Seasons, avec la bouteille de muscat qu'il m'avait laissée,  la cigarette dehors, le matin,sur la terrasse du All Seasons,  mon visage levé, mon visage d'amoureuse, le soleil si tendrement automnal  sur le port .. Toi qui court à la gare juste avant que j'embarque, juste pour me voir encore un peu .. Comment oublier ?

Trois semaines plus tard, la saison plus avancée, mais toujours du soleil, et ce fut "24 heures dans la vie d'une femme" et ce tendre échange de mails le soir de mon retour, après tous ces exploits ..

au matin, le lendemain du donjon, mon coeur qui s'emballait dans les rues de Toulon, trop de café, trop d'émotions, j'attendais son rendez vous pour le Mont Faron, j'avais si peu dormi mais tant pis, vivre c'était ça, se voir et se revoir, etre tout l'un pour l'autre, inventer toujours, passer des turpitudes au ciel, voire les mélanger, je n'avais plus peur de rien.

Quelqu'un m'aimait, et il se trouvait que moi aussi, et je l'avais su dès notre première rencontre, fascinante, onirique, incroyable, le premier regard, ses mains sur mes hanches, sa voix si douce, la première fois, et ce chemin - parfois chaotique, déjà! - vers cet octobre parfait.

 

Je pleure de nouveau, je me suis levée à l'aube pour aller  chercher le collier que la veille j'avais du cacher dans un tiroir, il met très longtemps à se réchauffer contre mon ventre, il est lourd, rassurant, je le connais par coeur, le premier jour pourtant il m'avait fait si peur! j'aime son odeur cuivrée, sa rondeur trompeuse, je passe mes doigts où tu as posé les tiens, le jour funeste où tu me l'as donné pour t'en débarrasser. Ce contact immatériel à travers cet objet évoque tant de choses, tant de ferveur sensuelle, amoureuse, et dire que maintenant on ne peut plus se toucher, je n'oserais plus te dire "tu me manques" et encore moins m'imposer comme tu aimais que je le fasse : "j'aime que tu quémandes .. impose toi, viens quand tu veux .. "

Octobre cette année, ne sera que la saison des feuilles mortes mais cette fois meme un semblant de printemps ne reviendra pas.

 

 

Jeu 3 oct 2013 Aucun commentaire