Mémoires du Donjon
Comment en est il venu hier soir, à m'écrire si légèrement - parmi d'autres allusions peu engageantes - "je vais te dire un scoop : je déteste le bdsm" -
Oui, j'évoquais l'idée de reprendre le donjon, en partageant les frais. Mais surtout comme "home", "garçonnière" on va dire.
Meme après plus d'un an, ce lieu me manque trop .. Mais pas à lui, il se dit bien content de l'avoir bazardé, et avec les Emilie, Sophie les couples etc ?? (il n'ose pas dire moi)
Or, tout praticant, d'habitude, cette passion ne le quitte jamais, surtout qu'il y avait investi tellement d'argent et de temps! (les fers médiévaux faits sur mesure, ainsi que le carcan, les bracelets de cuir, les menottes réelles, pas en fourrure, la location du donjon pendant quatre ans et demi, l'apprentissage du shibari ..)
Alors, c'set moi qu'il déteste à ce point ? mais il devrait, alors, continuer avec d'autres, il s'y était essayé d'ailleurs avec une certaine Sophie, ma rivale la moins dangereuse, mais curieuseusement celle qui m'a perdue, la dernière année, en se retirant du jeu la première.
Cet étrange revirement semblable à celui d'un Saint Augustin, me laisse perplexe et frustrée.
Un fervent admirateur qui m'est fidèle depuis quatre ans continue malgré tout de m'envoyer des propositions de stage, de soirées bdsm, souvent à 800 km de chez moi si ce n'est pas à San Francisco, ce qui a le don de m'énerver : bref, passons sur le personnage, d'ailleurs peu apprécié du "milieu ... il m'arrive de parcourir - particulièrement le lendemain de ces immatériels échanges donc ce matin, les liens donnés et j'y découvre quelques blogs de couples BDSM assez bien faits - dans le genre du mien à ses débuts, - et je dois dire qu'ils me font de l'effet, à moi, alors que je pensais faire comme Thierry, honnir le SM désormais ..cette période bénie a été trop brève, on n'en a pas assez profité, et c'était beau ..
Quand je pense à tout ce qu'il m'a fait vivre et dont il me prive maintenant sans recours, j'en meurs!
Je retrouve l'odeur de cordes du donjon, (au début, l'odeur du platre, de la peinture fraiche) sa théatralité malgré tout imposante (le gris foncé, le rouge, la cage, la table, la croix, les anneaux, les objets suspendus par des chaines, la musique, les lampes rouges, mais je n'ai pas fait que regarder, c'était moi aussi, en vrai, et lui, en vrai, on était les stars, et parfois pas seuls, bordel, comment ça a pu lui passer ?
C'est moi qui portait un bandeau, pas lui, au contraire il voulait me voir, me contempler, admirer son "oeuvre" (chaines croisées, menottes, carcan,) il voulait me voir marcher, entravée et coiffée de la cagoule aveuglante, je sentais parfois sur ma peau l'approche du petit spot qu'il utilisait pour prendre les vidéos, une légère chaleur, un peu plus de lumière sous le latex de la cagoule serrée.
Et lui, doucement, "je te regarde, je te regarde" .. Il me trouvait belle ... Il voulait me maintenir à terre, attachée à un gros anneau vissé dans le sol, à sa merci .. me prendre, me fouetter, me plugger, à sa guise ... il y avait dans ce cérémonial toujours différent une solennité qui jugulait l'excitation, une obligation de lenteur, à moi l'impatiente. J'avais parfois un peu peur, mais la confiance infinie que j'avais en lui primait tout.
Le contentement d'etre sa chose aussi, son objet sexuel mais je savais que c'était une des formes de l'amour qu'on se portait, parmi tant d'autres.
maintenant c'est moi qui le photographie, lui qui porte un bandeau et se soumet soi disant à mes désirs, l'ai je privé de sa virilité comme il m'a dit un jour ? Les premières fois j'ai trouvé le jeu piquant, mais maintenant j'aimerais bien revenir aux fondamentaux ..
Ne pourrai je jamais lui faire reprendre gout à ces pratiques, qu'il a adorées pendant près de20 ans . c'est peu probable, si on n'a plus le donjon ni compagnons de débauche, il a coupé les ponts avec son "deuxième monde", si fascinant, qu'il avait tellement voulu me faire connaitre, qui le passionnait à un point, pourtant .. Il me reste le sud, il me reste que j'étais son troisième monde ..
Si j'apporte les menottes dans la chambre, elles restent sur la table sans qu'il y jette un regard, et moi je n'y vais plus sur la table!
Comment diable lui faire reprendre gout à ces jeux qui savaient l'égayer, juguler son anxiété, ces jeux qui étaient sa meilleure thérapie, je le pense sincèrement, et maintenant il refuse de guérir.
Son entêtement est à la mesure du mien sauf qu'ils tirent dans un sens opposé!
Je me vois mal venir au rendez vous portant collier, laisse, tablier de soubrette et autres fantaisies, je crains que ça ne le refroidisse encore davantage!
Lâcher l'affaire serait la solution radicale, la seule avec une chance sur 10 de réussir, par l'action mécanique du manque, mais c'est tout de meme risqué quand j'entend certaines phrases : il est redevenu maladroit .. il n'est plus celui qui mécrivait "j'ai fini par etre moins maladroit .."
Mais si j'essaie, il m'envoie un signe : rajouter un album sur son site, '( novembre et décembre 2013me demander un renseignement (2012) -
Il m'allume et me reproche ensuite de lui donner un rendez vous "obligatoire", non mais je rêve!
Il ne faudrait garder que les trois premières pages de ce blog -