Mémoires du Donjon
Six semaines qu’on ne s’est vus, depuis notre séparation romantique sur le port ensoleillé, et voilà que comme tu me dis avec une certaine malice j’ai fini par « décrocher un rendez
vous » en cette fin du mois de janvier, deux jours, un pour faire l’amour, l’autre pour jouer dans notre donjon secret, ce qui n’exclut pas, bien sur, que nous y ferons aussi l’amour avec
maintes variations ..
Hier donc, retrouvailles tendrement intenses à l’hôtel que tu m’as réservé. Tu es venu avec un gros bouquet de mimosas, une bouteille de Beaumes de Venise (un rituel !) et une enveloppe
pleine de billets pour moi (quelle folie, je t’en ai rendu la moitié !) comme pour me faire jouer la pute, tu sais que ça me plait !
Longue leçon d’amour ensuite, derrière les rideaux fermés, je commence à ne plus avoir « mon problème » à régler, car avec tant de patience tu m’obliges à oser jouir devant toi, déjà avec un jouet (celui qui me fait grimper aux rideaux en moins de cinq minutes dans le secret de ma chambre) une étape importante, qui embraye la suite avec brio, et cela fait déjà deux fois que je me prête au jeu avec succès : tu remplaces le jouet et le tour est joué !
Tu me donnes aussi l’exemple, te mets à ma merci, Dieu que c’est bon ! j’en oublie les menottes reliées par une longue chaîne qui
tinte à chacun de mes mouvements, un bruit qui te plait tant ! je passe ma vie les cuisses
écartées pour toi, tu me prends et me reprends comme bon te semble, je chavire, je jouis, je gémis, on se parle pourtant, tout est simple et naturel, je t’aime, moi aussi je t’aime ..
On se sépare il fait nuit depuis longtemps, demain est un autre jour, et le programme en est chargé, excitant, pas de punition cette fois, rien que des jeux nouveaux dont les noms sont
barbares : le dong et le hook !!
Je m’apprête comme tu l’as voulu : corset lacé en velours rouge, jupe en latex, talons vernis rouge, et les bas que je me suis trouvés et que tu adores : rouges et résille, avec une bande satinée sur le haut des cuisses. On entre dans la pièce noire, à peine éclairée comme toujours par deux lampadaires basse tension, qui diffusent une lumière rouge. Un spot baladeur heureusement permet de faire quelques vidéos .. et de mieux se voir.
Comme toujours, on baisse d’un ton une fois ici, c’est toujours un peu solennel .. ritualisé ..
Tu commences par attacher dans mes cheveux, reliés en queue de cheval, une cordelette longue et fine avec un nœud de bondage, il faut
que je sois prête pour tout à l’heure ..
Tu me diriges ensuite vers la table des supplices, qui va
devenir très bientôt la table des délices .. une solide table en pin avec des menottes à un bout, et à l’autre une sorte de trapèze encadré par des chaînes, où les chevilles de la victime sont
attachées à des bracelets en cuir .. Voilà comment tu me prépares, écartelée sur cette table et attachées des quatre membres, à ta totale merci ..
mais je n’ai pas peur, tu me lèches doucement, la musique en sourdine résonne entre les murs sombres, je m’abandonne ..Et pourtant je sais que tu vas t’amuser avec mon petit trou, ton doigt
investigateur d’abord, très doucement, puis le jouet que j’ai apporté et que tu ne connais pas, un superbe « dong » en gelée mauve, résistante et souple, qui permet de pénétrer les deux
orifices en même temps, et que je n’ai pas voulu essayer chez moi !
Lentement et tout en admirant le dong, tu le maintiens solidement en moi, et commence à lui imprimer des doubles mouvements lents et profonds qui me font gémir de plaisir ! Soudain tu montes sur la table, t’assoies sur ma poitrine et me présente ta queue à sucer, tu me traites vraiment comme ta chose, ça me plait, je voudrais encore plus être à toi, impuissante, encore plus que là, maintenant .. Mais comment ? .. ensuite tu reprends tes caresses, mettant le dong de côté, savantes caresses, très appuyées, j’ai comme envie de faire pipi, mais non c’est autre chose, tu insistes, impitoyable, je gémis de plaisir, puis tu remontes sur la table, me dégage les mains des menottes, et me prends sans prévenir, comme ça, à même la table .. et alors .. c’est à peine croyable, je dois rêver, la chose monte en moi depuis mes entrailles, irrépressible, totalement inattendue, pour la première fois « sans rien », rien que toi qui pourtant ne te donne pas trop de mal, tu me baises c’est tout, depuis quelques secondes, et moi, je .. je jouis, sans pouvoir me retenir, enfin, ce divin retour aux sources perdues, oh ouiiii encore, nonnn, arrêteeeeee !
Inutile de résister « ça » m’envahit, fait des vagues, recommence, je sens mes joues brûlantes, j’ai envie de pleurer et de rire, tu fais semblant de ne t’apercevoir de rien, oh pourquoi ? alors que ce miracle on l’attendait depuis le début !
Déjà, oui, déjà, j’ai une fugace impression de « trop tard », de « fini » .. car tu as atteins ton but, tu as eu raison de ma résistance, que te faudrait il de plus ?
Mais pour l’instant, je n’épilogue pas trop encore, tu ne me laisses pas souffler et c’est le moment qui devait être le plus important de cette séance : m ‘installer dans le fondement cette sorte de crochet de boucher qui n’en est pas un, car arrondi au bout pour ne
pas blesser les fragiles muqueuses. A l’autre bout, une anse pouvant recevoir l’autre extrémité de la corde qui a dans la bataille glissé de mes cheveux.
Je me positionne docilement sur la table infernale, (supplices et délices) à quatre pattes et la tête en arrière, jupe retroussée. Je suis prête au sacrifice ! Je ne te refuserai plus jamais
rien, plus jamais.
Tu rattaches la cordelette à ma queue de cheval, et introduit doucement le hook dans mon petit trou . Puis sans que je puisse
rien voir, tu positionnes l’ensemble avec un nœud de bondage, qui doit maintenir un équilibre savant entre ma tête et le hook ; le moindre mouvement est censé me faire mal, en tirant sur le hook. Je ne peux pas par exemple baisser la tête, car le hook alors s’incruste dans ma chair.
Tu m’aides à trouver cet équilibre, resserre le nœud .. Puis entreprend de m’entourer de cette longue corde de chanvre que je connais bien. : les poignets, la taille, en utilisant les pieds de la table. Immobilisée, je reste sur ma table, mon esprit s’évade vers ce qui vient de m’arriver, je ne peux m’empêcher de triompher à voix haute, parfois .. Oui, même attachée de cette vile manière !
Enfin tu détaches tout (mais c’est toujours un regret) et je me retrouve debout, un peu groggy, tu me laisses faire quelques pas avant
de revenir à la charge, me passer un énorme et magnifique collier en cuir – comme j’aimerais le porter tout le temps ! – d’où partent les deux
extrêmités d’une laisse métallique, qui coulissent avec ce bruit délicieux autour de moi, s’entrecroisant sur ma poitrine et
autour de ma taille, de mes cuisses, ainsi parée suis je belle ?
Tu t’en fiches, tu défais ton œuvre à nouveau, et sans rien me dire me croise les bras derrière le dos.
Rapidement, tu me les bloques avec la corde, tu serres assez durement, je me sens déséquilibrée, plus encore quand tu me pousses sur le canapé, penchée à genoux, la tête dans un coussin ..
J’ai compris, tu t’approches de moi, écartes mes fesses pour me prendre .. je meurs de honte en pensant à tout ce que tu m’as introduit ce soir dans cet endroit tabou, et là c’est le coup de grâce ! Je ne peux que subir, victime consentante ..
J’ai un peu mal, tu me rassures, tu viendras vite, cette fois tu n’auras pas de scrupule à prendre ton plaisir, tu as su si bien préparer et me donner le mien, tout à l’heure !
Puis la vie reprend son cours normal, il se douche, on prend un verre, je me voudrais gaie et heureuse, mais ton air sombre d’animal triste post coitum m’inquiète et je cherche à toute allure des
références, les autres fois, tu étais comme ça ? pas sûr, ou je faisais moins attention ?
Tu me raccompagnes dans ta petite seconde voiture, je te sens si loin pourtant, que cette fois la route me semble presque longue, je ne peux rien te faire dire, tu ne fais que nier l’évidence, t’efforçant de me rassurer .. je n’ai donc plus qu ‘à partir, seule, dans la nuit d’hiver, au premier feu rouge à coté de l’hôtel ..
Ironie du sort ..