Mémoires du Donjon
Juste un petit conte, qui m'est arrivé ce matin à l'aube ...
Autrefois la Tour se dressait au milieu du fleuve.
Les guerres étaient finies, elle était inutile, inaccessible.
Elle n’aurait pu s’élancer toute entière vers l’océan si proche dont elle sentait le parfum, comme les nefs des conquistadors se lancèrent à la découverte des Amériques.
C’est en mille morceaux qu’elle y aurait dérivé, sapée peu à peu par les flots du Tage, l’ennui et la désolation.
Et puis, le jour de la Toussaint 1755, le jour du grand « terremoto », le destin tout-puissant a changé le cours de son fleuve, et elle s’est trouvée sur la rive hospitalière, sur la terre apaisée.
On a pu l’approcher, la toucher, l’admirer. La sauver.
Et moi je suis un peu comme cette Tour là, je sais maintenant pourquoi j’y reviens chaque année, fascinée, pour m’y retrouver ? t’y rejoindre ?
J’étais moi aussi seule et perdue au milieu des flots.
Le jour où mon Destin a frappé, tu es venu, tu m’as prise par la main, tu m’as fait traverser, je t’ai fait confiance et je t’ai suivi.