Mémoires du Donjon

 

8 décembre .. date importante pour la lyonnaise que je suis, jour de la fête des Lumières, la seule manifestation d’avant Noël que j’aime, honnissant toutes les autres (téléthon, élection de miss France, concerts caritatifs etc ..)

J’éprouve toujours la même joie d’enfant, à « descendre en ville » pour admirer les créations lumineuses qu’on nous a réservées cette année, tenter de les photographier avec le plus de lenteur possible sur le déclencheur, déguster dehors un vin chaud aux épices dont tout l’alcool s’est évaporé, avoir froid, souvent, seule dans la foule joyeuse de ces jours de fête.

 

Et puis, depuis deux ans, autour de ce jour là (qui en réalité dure quatre jours maintenant à Lyon, tourisme oblige !) on s’est vus toi et moi.

Une fois avant, une fois après et chaque fois le bonheur. "Je me souviens" -  comme on dit au Québec

 

2009 : du 7 au 11 décembre, l’apogée de nos amours, tu ne craignais pas, alors, de me voir tous les jours, et le plus tôt possible, et même quand tu travaillais, tu me suivais de loin, guidant mes balades par sms, me suggérant l’adorable port du Niel, au dessus de Giens. Doux soleil d’hiver, parfum de la mer, bonheur parfait, sexe, amour et volupté, et cet hôtel de vacances aux grands espaces, avec le balcon qui donne sur le  Mont Faron, où nous irions faire la plus délicieusement romantique des virées.

 

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Et pourtant, relisant mon journal de cette époque, que d’alarmes inutiles chez moi ? que d’angoisses le soir de mon arrivée ? Alors que tout me souriait ! ..

Mais j’étais rentrée totalement rassurée, après toutes ces séquences de folie furieuse, de folie douce, d’amour partagé au goût d’avenir. (et pourtant, déjà, tu avais évoqué la future séparation au Panoramique, tu avais prédit qu’elle finirait très mal ..incapable de jouir du bonheur toi aussi ?)

Séparation – provisoire pour cette fois encore, bien sur ! - sous le porche du quai, baiser de l’hôtel de ville, larmes de bonheur plus que de peine, on se reverra ..  Sms à l’aire de Sorgues, certitude du bonheur.

 

2010 : du 6 au 8 décembre, et je ne t’ai vu que le 7, c’était le deal. Après trois mois de « brouille super grave » comme tu disais, tu avais accepté de « passer sous mes fourches caudines et revenir entre mes cuisses » ( !!)

Vu comme ça, la chose peut sembler un peu vulgaire.  Tu aurais cédé à mon possible chantage et j’y ai cru jusqu’à  .. cette année – où j’ai compris brusquement qu’en réalité, c’est le désir qui t’a porté, et non la peur !

Quelle naive je fais, bien sur que tu as saisi le prétexte de la peur pour renouer avec moi, parce que tout bêtement, tu as eu envie de moi et de me revoir.

Cette année, tu as mille fois plus de raisons d’avoir peur, j’ai encore plus de billes, mais tu restes de marbre.

Alors, cette reddition de décembre, tu en as fait un mythe : le bourgeois de Toulon la corde au cou, venant se rendre à la vilaine maitresse chanteuse, humilié et défait, s’offrant en holocauste, nu et bandant comme un cerf sur le grand lit de la chambre 233 .. et moi qui s’empare de toi, te chevauche direct, reprend mon bien sans plus pouvoir attendre  ..

 

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Quel fol après midi dans son genre ! les gestes suppléants aux mots, au maux, divine surprise, haletantes constatations, vin d’orange, regards étonnés,  promesse de se revoir les yeux dans les yeux ..

Et avant, après, la veille, le lendemain,  je suis heureuse pourtant seule dans la ville parée pour les Fêtes, le pavé brillant de pluie qui ne sèche pas, les  nounours colorés sur la place de la Liberté, les boutiques obscures tôt fermées, les brasseries désertes sur le port, les rues qui se vident dès après 20 heures, j’erre dans ce monde surréaliste, je pense à ce qui va, ce qui est arrivé, à notre seconde chance, au New Deal, être avec toi sans que tu m’aimes, mais être avec toi et que tu me fasses l’amour, et planer ce doute délicieux, qui sait ?

 

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J’aime les vagues déchainées sur les  plages du Mourillon, les restaurants de plage fermés et leurs chaises empilées, la nuit qui tombe vite, la charrette à l’ancienne du vendeur de marrons chauds et déjà le mois prochain j’y pense, et demain je serai chez moi et j’irai le cœur heureux, à la fête des Lumières ..

Je ne sais pas encore que tu ne m’écriras pas avant plusieurs jours, pourquoi ? que je serai à nouveau désespérée, t’envoyant douze mails pendant une nuit de larmes, et qu’en fin, tu répondras, rassurant, chaleureux,  et que je passerai un bon Noël grâce à toi, tu seras de garde ce soir la et tu me feras signe …

Oui, ce dernier décembre avec toi, ce fut un mois heureux, une autre renaissance, un recommencement encore confus mais tellement porteur d’espoir.

 

Et celui là  2011 .. deux mois et demi bientôt de brouille supergrave encore et même super, supergrave  et toujours pas le bout du tunnel, ..

Hier tu m’as  écris comme tu le fais plusieurs fois par semaine, mais rien ne frémis, tes missives sont aimables, tu me poses même quelques questions, tu parles de ton village que je connais maintenant, de Prague où je pars bientôt .

Dans la phrase « je t’imagine faisant ta valise pour Prague », je vois une ironie cachée, que je ne ferai plus ma valise pour chez toi, alors que toutes les plus belles villes du monde je les échangerais bien contre la tienne, alors que je ne peux plus entendre le gingle de la Sncf sans pleurer (il passe tout le temps à la radio à cause du changement d’horaires).

 

Ce matin il fait beau sur Lyon, alors qu’hier il a plu tout le temps, ce qu’on appelait avant « les Illuminations » s’ouvriront sur une nuit claire, les footballeurs de l’Olympique Lyonnais ont remporté une incroyable victoire sur Zagreb (7 à 1 !) se qualifiant pour la Ligue des Champions, oui je sais tu t’en fous du foot, mais devant cette victoire inespérée et quasi miraculeuse, je ne peux m’empecher d’éprouver de l’espoir.

Rien n’est impossible.

Il suffit de savoir comment sortir du style amical sans tomber à plat, comment t’attirer sur le terrain que nous connaissions pourtant si bien .. j’hésite entre l’attente, la contrainte violente ou   carrément le rentre dedans.

Est ce que tu m ‘écris pour me faire plaisir et m’empecher de pleurer ? pour éviter les retombées de ma détresse ? pour te donner bonne conscience ?

Depuis le 2 novembre, je n’ai plus jamais senti le plus petit début de pulsion vers moi, je dois le dire en toute objectivité, et ça me fait si peur .. et tant de peine. parfois de la colère impuissante!

En janvier dernier, ce "statut" qui à la fois me touchait et me semblait un peu ridicule "un  parfait salaud qui aime faire pleurer tes larmes et couler ta cyprine" .. folle que j'étais, que je ne donnerais je pas maintenant pour que tu proclames de telles insanités!!

On devait  aller au Mont Faron, en automne, tu me l'as promis plusieurs fois, la dernière en prenant le café chez moi  trois jours après la divine séance du 13 septembre.

On devait se voir trois fois encore,  oui, meme fin octobre tu me l'as dit peu à peu, j’ai des preuves, je ne comprends pas que tu ne tiennes plus tes promesses.

 

 Dans un mois on arrive à la limite maximum de trois mois et demi sans se voir. Ça urge. comment faire pour en sortir ?

 

Mais ce soir je vais ne pas y penser, je vais étrenner mon nouveau Nikon en le m ettant à l’épreuve de la nuit.

M'obliger à croire que j'ai "encore du temps" (géniale trouvaille de ta part pour éviter de traduire ce que je suggérais  : "envie de toi", par "edt")

 

 

+++++++++++++++++ le lendemain +++++++++++++++++

 

C’est incroyable que cette année je me retrouve « comme avant », avant toi, sans rien à espérer de plus que ces lumières traditionnelles, ce bain de foule, cette vague espérance. Je suis partie plutôt sereine, mais je me suis surprise à pleurer rue St Nizier, devant ce désastre prévisible : plus rien, plus aucune promesse tenue alors que tu les tenais toujours ..  J'ai essayé d'etre confiante, mais le coeur n'y était plus. J'ai souri en pensant à 2007 : la trouille de te rencontrer m'avait préférer cette fête des lumières à notre rendez vous prévu ce jour là!  et la rencontre avait été repoussée à presque trois mois de là ..

Et 2008 au fait ? oui, j'avais du rendre aussi mes billets de train cette année là, parce que tu découvrais le donjon, Emily, Anna, tu avais fait plusieurs soirées avec elles, tout en disant "je t'aime Michèle" (le 5 novembre) à vrai dire je ne sais plus très bien comment ça s'était passé, mais tu voulais continuer avec moi c'est clair "non tu ne mérites pas ça, il y aura une saison III") et en effet,  la sublime séance des Mimosas, .. encore plusieurs semaines, plus de deux mois plus tard, trois mois et demi après Halloween.

 

Pourquoi es tu si lent ? la vie passe si vite ..

 

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 Trouvé un message de toi, d'abord contente : il est gai, amusant, tu sembles aller bien et etre bien disposé, tu me dis amuse toi bien, rebondis sur ma blague du foot lyonnais, mais en y regardant mieux .. il est 19h52 quand tu me consacres deux minutes de ton précieux temps ..

 

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Je susi rentrée tard, mais pas si tard que toi jeudi dernier (seigneur, une semaine encore d'écoulée, de fichue! le temps passe trop vite sans rien avancer!) et tu n'as pas répondu sur msn, je n'ai pas insisté, à quoi bon ?

La semaine dernière, trente messages entre toi et moi, une converse tardive et j'étais presque sauvée!  mais là, ces deux charmants mais avares messages, deux seulement alors que tu as quatre jours pour moi ..

Cette histoire de mail, ça a tout foutu en l'air. J'en suis persuadée.  

Je suis seule maintenant, héroine Zweigienne  : naive, entière, abusée, désemparée, désespérée .. voyageant par défaut, pour tenter d 'oublier ..

Jeu 8 déc 2011 Aucun commentaire