26 octobre - J-7

Je ne suis pas femme à rester trop longtemps dans le désespoir. Aucune disposition pour la dépression, mais pas mal d'imagination et de résilience. Armée par des années de solitude, et mes premiers succès avec toi,  j'ai la Foi.

L'impression que ce que je veux, Dieu le veut et si cette fois la période noire a duré plus d'un mois, c'est vraiment exceptionnel, c'est que j'avais vraiment pris un méchant coup sur la tête, et que je n'avais plus personne en face ensuite pour me faire réagir.

Le coupable s'était méchamment envolé sur le toit du Monde ..

Et puis il y a eu ce petit séjour à Edimbourg, prévu depuis "avant", histoire de me faire patienter pendant que tu serais au Népal.

Bien sur en rentrant de ma triste équipée sudiste, j'ai voulu tout annuler, me réfugier au besoin à Notre Dame de la Salette où j'ai mes habitudes (j'y travaille en bénévole), et puis déjà, première bonne réaction, je me suis dit non, je ne vais pas me punir davantage et ce voyage, je vais le faire quand même!

Avant toi, il y avait eu le Canada, Cracovie, Istanbul, Rome, après toi, il y aura l'Ecosse!

Edimbourg, une ville à la campagne et à la mer, facile à arpenter à pieds, gothique et cosy à la fois, ses musées gratuits, ses habitants joyeux et pas frileux, ses jardins tellement verts et peuplés de pigeons.

Il m'est arrivé souvent de pleurer, certes, sur la colline de Calton Hill au soleil couchant (il ne faisait beau que le soir!) et surtout devant l'étrange tableau de Cranach l'Ancien "Allégorie de la Mélancolie" (je ne sais pourquoi ce tableau pas si triste pourtant a déclenché un torrent de larmes!)

Je n'avais pas assez faim ni soif pour les pintes de bière ou les fish and chips, dommage, mais j'ai marché  le long de la rivière Leith, en compagnie des cygnes et des canards, sous les frondaisons débordantes, et subitement on se trouve au port de Leith, ou à l'autre bout, devant la façade néoclassique de la Dean Gallery.

Mon hôtel était tout ce qu'il y a de sympathique et confortable, et son petit déjeuner à l'anglaise suffisait à me nourrir pour la journée!

Oui j'ai les yeux cernés de pleurer trop souvent et de ne pas dormir, mais je souris, "no explain, no complain" comme on dit la bas ..

Le voyage m'a guéri lentement, pendant ces trois journées entières passées "ailleurs", quand on voyage seule, il faut s'organiser, se débrouiller, être à l'affut tout le temps, et cela distrait du chagrin.

Je ne ferai pas mienne la phrase de Pascal qui a dit "tout le malheur de l'homme vient qu'il ne sait pas rester en repos dans une chambre" ..

J'ai trouvé des jardins secrets au fond des cours, j'y croisais de charmantes "Miss Marple" qui promenaient leur petit chien et me souriaient.

j'ai causé avec une française qui travaillait au Scottish Parliement, superbe ensemble conçu en 2004 par l'architecte catalan Enric Mirallès. Parce que si j'arrive à me faire comprendre en anglais, moi je ne comprends pas les autres!

La bas, les employés de musée, de gare ou d'aéroport, les vendeuses,  sourient et plaisantent  c'est follement agréable, on ne peut pas imaginer ça en  France (ou si rarement).

Un petit clin d'oeil, mon amour, à nos activités passées! Ces "fers médiévaux" ceux ci authentiques (Scotland Museum) réservés aux sorcières, et que dire du masque ?!

Alors, je suis revenue plus heureuse et plus confiante qu'en partant.

Je pense souvent à toi avec tes 5 ou 6 heures d'avance sur mon horaire, tiens ce soir, tu dois peut etre déjà dormir dans ton "lodge", avec ta femme et tout le groupe de Terre d'Av" ..  Epuisé par une journée de marche forcée, as tu parfois une pensée pour moi ? ta soumise, puis ton amante, puis ta maitresse, puis ta seconde femme, et puis ..  ? plus rien ?

Il me reste encore presque une semaine avant ton retour sur la toile.

je ne sais pas si tu vas m'écrire spontanément, je crois t'avoir demandé un break des mails jusqu'à ton retour .. (pas après!), mais je n'ose plus aller sur nos boites, je n'ai pas envie de nous lire, ni les périodes glorieuses, ni la déréliction des dernières semaines ..

Je ne sais pas si je vais te laisser un message, car comment le faire ? sur quel ton ? anodin et joyeux "comme si de rien nétait " ? je ne sais pas si tu t'y laisserais prendre, mais les hommes sont si betes ..

Suppliant ou te rappelant ta promesse (aller jusqu'au 1er mars 2011) ? a quoi bon, tu t'en souviens parfaitement.

Le seul risque est que tu interprètes mon silence comme une guérison, et que tu te sentes soulagé, assez pour garder à ton tour le silence ..

Alors, mon amour, tu t'exposerais à ma vengeance!!  Je t'enverrai les photos au labo, peut etre la bague!! pas question de laisser passer cet affront ultime!!

Mais si tu me demandais simplement de mes nouvelles, ou bien, si tu me disais que tu avais été fou, que tu allais mieux,  et qu'on allait se revoir tout de suite .. alors .. je serais la plus heureuse des femmes, je revivrais, le sang circulerait à nouveau dans mes veines, et je serais guérie ..

Et jamais, jamais je ne te reprocherai cet affront que tu m'as fait, m'avoir pratiquement répudiée alors que je venais passer ces trois semaines, comme on l'avait prévu, près de toi.

Je profiterai à fond des trois ou quatre fois que j'aurais à te voir encore, je me préparerai à la suite, et j'irai, comme j'en ai fait le voeu secret, en pélerinage à Lisbonne et à Venise, entre nos dernières rencontres : par amour, par dévotion, et par envie, tout simplement!

Ces voeux me motivent, car vraiment si tout devait se finir ainsi entre nous, plus jamais je n'aurais le droit ni le coeur de revoir ces villes mythiques! alors il faut que je réussisse à te convaincre encore une fois.

Me faire l'amour ne devrait pas te poser un tel souci, surtout ces quelques fois qui nous restent ..  et moi, comme une malade condamnée je crois au miracle et je m'accroche à la vie!

Je t'aime. Je t'attends.

Tu me disais que tu m'appartenais.

Prouve le moi!!