Oui, le troisième jour commence et finira comme les deux autres sous la pluie, c'est à peine croyable mais, mise à part une toute petite fenêtre faiblement ensoleillée, de 15 heures à 17 heures environ,

 il pleut sur la ville, il pleut sans arrêt, et à tous les coins de rue, on trouve des parapluies abandonnés, retournés par le vent tempétueux, devenus inutiles aux usagers.

je trouve que ces parapluies me ressemblent.

Comme j'ai des pensées bizarres en ce moment, je me suis surprise à parler toute seule dans la rue, comme Blue Jasmine.

Je ne pense qu'avec des bouts de chansons qui me viennent, par exemple celle du titre, la chanson du "Train sifflera trois fois" que j'ai revu récemment, et qui rime avec Lisbonne.

et aussi celle de Brel "plus rien ne ressemblait à rien, tu avais perdu le gout de l'eau, et moi celui de la conquêêête ...." et c'est vrai que le mythe s'effondre, un de plus, celui de "l'été en hiver" - les hivers doux et ensoleillés du Var, et d'ici, encore davantage, tout ce bleu au bord de l'océan, ces couleurs attisées par le soleil d'hiver, la lumière rasante sur les pavements qui faisaient de si belles photos !

Meme les vendeurs de marrons ont renoncé, chassés par l'humidité qui éteignent les feux!

Pourquoi partir encore, si c'est pour retrouver, depuis l'année dernière, ce temps de fin du monde annoncée?

Relisez  l'Apocalyse 'il y aura des inondations, des tremblements de terre, des tempètes et des raz de marée, la fin des temps alors sera proche"

Finie la neige scintillante sur les Alpes du Sud, fini les premières floraisons de camelia dans les jardins de Paris, roses et nacrées, et ici, les fleurs que tu m'avais demandé de prendre en photo la semaine dernière, il ny a a point, à part ces curieux oiseaux exotiques.

Il pleut, il a plu, il pleuvra, et puis il y a ton silence inhabituel.

Quand je rentre d'une journée arrosée, avec seulement la moitié du programme réalisé, et des photos médiocres, et meme pas faim, j'allume l'ordinateur et je ne  trouve rien, meme pas une lecture, les autres fois tu ne me laisses jamais seule en voyage, soucieux de ne pas me le "pourrir".

Bien sur, maintenant c'est forcé, cette sollicitude - depuis New York déjà, je me suis bien laissée avoir avec ton "See you soon", et je ne suis pas près d'oublier cette traitrise!! Rare est la rancune chez moi mais quand il le faut elle est tenace!

Seulement là il faisait beau sur Big Apple, et on avait fait l'amour comme des fous, le mois d'avant, pas de quoi etre inquiète n'est ce pas ? ah ah, j'en ris encore, un beau rire jaune de démente! mais n'y avait il pas de quoi devenir folle ?

Il me vient de droles d'idées : Fernando Pessoa, autre solitaire, trone en statue de gloire avec son livre de l'intranquillité sur une place du Chiado , un peu plus loin, il est en bronze attablé au café O Braziliera, alors pourquoi moi je ne serais pas imoi aussi statufiée ici meme, géante, immobile, visible enfin, moi autre chantre de lisbonne solitaire et glacée .. et je chantonne sous la pluie une autre version de Douce France et je dis encore que Lisbonne je t'aime, "dans la joie et la douleur"!  oui, une statue!

Pourquoi ce silence ? l'autre jour, on  parlait de fleurs et d'arbres sur fond d'ouverture des Jo, il semblait content et de bonne humeur, il m'a rappelé lui meme (enfin!) qu'à mon retour on ferait la balade en bateau et on a convenu d'une date, le 25.

et depuis plus rien ... m'en voudrait il pour vouloir vendre ses "bijoux" ? j'en doute, il s'en fout comme de l'an 40, ou voudrait il me dégouter de venir finalement ? Plus probable ..

Si c'est ça je peux le mettre  à l'aise : une balade en mer par ce temps ? les tempetes sont mauvaises en Mediterranée, et je ne tiens pas à ce que tu me vois échevelée, les yeux et le nez qui coulent, le maquillage dilué par les embruns! 

 et ensuite ciao et merci du voyage! ça il aurait fallu le faire en plus, avant ..

je voulais te dire que sans une option B envisageable,  je ne viendrai pas, plus jamais,  je ne veux pas revivre juillet, surement pas!

Moi j'en étais resté à ta déclaration de Noel " j'ai remarqué que maintenant tu repartais triste et déçue, et je compte sur le préambule pour changer cet état de chose" - le préambule égale baiser sous certaines conditions dans notre langage codé -

et aussi en janvier, pile le 15 promettant de peut etre renouer le lien sexuel -

Mais apparamment plus question. Il est juste question de fleurs! des fleurs qu'il ne m'offrirait pas.

Alors la pluie, l'absence, la pluie, le manque, il n'y a plus d'azulejos rutilants sous le soleil, plus de Muscat dont j'ai encore le gout en écrivant, plus de brassées de mimosas offertes par le bien aimé, plus rien de bien quoi.

Toi aussi Lisbonne tu m'abandonnes, je n'aurai plus confiance en tes hivers, plus jamais,où toujours le soleil s'installait après l'averse, et toujours il y avait le grand bleu pour le jour de Belem ou, et, celui de l'Estorll.

J'ai mis en favori dans ma messagerie morte, "from lisboa", quelques messages échangés la première année où j'étais venue, o seigneur, comme tu avais soin de moi, me guidant, regardant la météo pour moi, en détail, me faisant intervertir Oriente (pluie) et Belem (soleil) et tu avais eu raison:

Finissant par "je pense à toi - je t'aime" signé de ton prénom.  A relre ces charmants échanges, je souris sous la pluie. Folle.

Mais aussi disparaissant sans explication pendant 15 jours, une trouble histoire de chevillle cassée, de garde intervertie, puis le départ rituel à  Crans Montana et je suis partie de Lisbonne dévastée, persuadée qu'il avait rompu, que c'était fini,fini!!

D'ailleurs sa dernière phrase était "souviens toi que je t'aime" alors .. la suite m'a démentie, mais c'était déjà si compliqué ..