Treize est le jour de ma naissance, un vendredi qui plus est. Porte bonheur ou porte malheur, la sagesse populaire est partagée sur le sujet ! Quand à moi je commence à avoir ma petite idée.

Je ne sais pas si vous vous souvenez, mais au début de cette année, une blague bien lourde a circulé quelque temps : » 2012, l’année de la loose, 2013, l’année de la baise ». Ce fut tout le contraire pour moi ! A moins de prendre le mot « baise » dans le sens « être eu »!

Comme quoi, les chiffres et les nombres sont absurdes mais j’ai tendance, bien qu’absolument pas « matheuse », à jouer avec, voire à m’y accrocher dans la tempête, quand on a perdu ses repères, les chiffres sont là comme des décorations de Noël sur un arbre mort, comme les cailloux du Petit Poucet sur le chemin perdu, ils ont quelque chose de poétique, ils versifient la vie.

Il y a plusieurs mois, j’avais confectionné un tableau Exel avec le compte de toutes nos rencontres, en les diversifiant « à l’hotel, dans un studio loué, au Donjon, dans la nature » et puis »acte sexuel complet ou incomplet, sodomie, pipe complète, « ou encore « à deux, à plusieurs », et j’avais même ajouté des détails comme par exemple, quel sac j’avais emporté pendant tel séjour, ou quelles chaussures à talons, bottines, sandales j’avais portées en sa présence etc ..

Dans mes nuits d’insomnie, je m’occupe à recompter, aussi, le nombre de fois où je suis venue en train, ou en voiture,  je ne tombe jamais sur le même chiffre, alors je recommence. Puis je fais le compte par année, combien de fois, avec quelle fréquence moyenne etc ..

Les chiffres font moins mal que les mots.

Ce fameux tableau, je n’ose plus le regarder, à l’époque (2011 ?2012 ?) cette idée l’avait abasourdi, sa première réaction a été de me dire « tu es folle, je n’y comprends rien ! –comment ça, tu ne sais pas lire un tableau Excel ? » avais je rétorqué (sur msn)

Il avait fini par en rire, et se prendre au jeu, d’ailleurs un moment, il avait utilisé une partie de ce décompte en présentation MSN pour bien me signaler ses intentions coquines (juillet 2012) bizarrement remplacée dans les jours suivant le tabouret par un sinistre « non à la dictature du pénétrariat » (alors qu’il ne s’était pas fait prier ce jour là ! et « la nature » non plus !)

Oui, les chiffres sont absurdes parfois.

Sortie 13 – de l’autoroute pour ma première arrivée « dans son monde ».

Chambre 113, la première, celle de l’ibis et de la renaissance, une heure plus tard.

Chambre 213, une seconde en 13, celle d’inoubliables retrouvailles, dans un autre Ibis.

15 22 29, une autre suite chiffrée, sésame étrange donné par moi  à lui  pour le top départ de la dernière ligne droite, et le titre de son dernier récit, un cadeau précieux que j’avais tellement aimé, qui m’avait tellement surprise! Cela prouvait qu'il avait aimé ce rébus, et bien compris .. (le jour ce fut le 22).

3 semaines, 21 jours, le délai le plus court entre nos rencontres, la faim était grande, cela ne s’est produit que deux fois, en 2009 et en 2011. la vitesse de croisière, c’était 6 ou 8 semaines, 40, 50 jours . Parfois 4 seulement, 30 jours. Tout cela me convenait, pourvu qu'il y ait une certitude, un objectif.

3 mois et demi, la limite à surtout ne pas dépasser pour se voir. 12O jours. En 2008/2009, plusieurs aussi longues périodes, à la suite l'une de l'autre je crois,  alors qu’il était censé être amoureux, comme quoi .. oui, encore une fois, les chiffres sont absurdes et le temps n'a pas de sens.

3 semaines, le maximum de temps passé sans aucun contact, même virtuel : vacances plus break, bouderie sans vacances, j’ai beau recompter, je ne trouve pas pire.

A part maintenant.

Nous avons explosé les délais, c’est clair et depuis longtemps et de beaucoup et dans tous les cas de figure : rencontre avec relations sexuelles, contacts virtuels.

Le délai le plus lisible, les trois mois et demi, quand on les a eu dépassés, j’ai su que c’était fichu. Le lien était rompu. Le lien est rompu. Sois content.

13 novembre 2012 – novembre était le seul mois où l’on se s’était pas vus, et je tenais absolument à pallier ce manque !

Ne m’avait il pas, justement, promis deux années de suite, de m’emmener à nouveau dans ce café du mont Faron, sous le soleil d’automne . puis dans la pinède voisine « faire l’amour dans les odeurs de terre mouillée » ? oui, en 2011 d’abord, (promesse non tenue car break d’automne oblige) puis le jour même du tabouret, bien sur, alors c’était pour bientôt. Après nos voyages, après une rencontre inattendue en septembre ! l'avenir s'ouvrait grand, aussi grand que mon coeur et mon amour pour lui.

Mais rien de tout cela n’a eu lieu, par son choix unilatéral ; il y a eu ce froid revenu inexplicablement.

Je me suis entêtée, il me fallait quand même novembre, tu l’avais promis ! Vain caprice.

En fait de mont Faron, ce fut le donjon, les adieux sinistres au Donjon, la remise des fers médiévaux et des bracelets en cuir, un 13 cette fois bien plombant, j’ai été servie pour le dernier mois à inscrire à mon catalogue ! .

Il y a aussi les jours du mois où l’on ne s’est pas vus, oui, meme en cinq ans, il y en a trois qui restent vacants !

Un jour j’ai fait une liste de 1 à 31 et j'ai coché chaque chiffre en y associant une ou plusieurs rencontres à mesure qu'elles me revenaient en mémoire.

Je crois bien qu’il reste le 4, le 12 et le 17.

Il faudrait que je reprenne tous les jours un à un, pour faire des statistiques. On a du se voir un seul samedi peu après minuit (soirée libertine) mais bien sur, jamais le dimanche ! Le lundi, oui, du temps où il avait tout le temps pour moi. (la coudoulière, le Pradet). La majorité des rencontres a eu lieu (je le dis de mémoire, dans la dernière décade des mois.

Si j’avais eu les pépites nécessaires (l'assurance de son désir) j’aurais pu lancer un nouveau deal - voire chantage s’il fallait : qu'il me donne ces jours là, quel que soit le mois, -  pourvu que ce ne soit pas un samedi, un dimanche, un lundi of course - 

On aurait pu s’en amuser ! 4 12 17 remplaçant le 15 22 19 ! un casse tête qui aurait pu être excitant .. et suffisamment espacé dans le temps, forcément,  pour le rassurer .. Promis, juré, je n'ai pas regardé le calendrier! 

Mon imagination érotique (comme il disait) reste fertile, mais elle est désormais au chômage !

Les chiffres toujours, auxquels il associa un étrange mot qui m’a d’abord amusée : l’incrémentation ! (son coté « cuistre, précieux »)

Il était encore question (peu de temps après sa découverte du fameux tableau qui finalement lui avait bien  plu) « d’incrémenter » d’autres étreintes, d’autres rencontres. cette étrange association d'un mot rare avec des actes très courants (pour les autres, lol) m'avait fait rire.

L ‘ incrémentation aurait pu alors devenir un nouveau mot code, un sésame pour Cythère, il l'a été quelques fois d'ailleurs .. mais cela ne s’est pas fait pour 2013 , « les choses » en ont décidé autrement. Quand je risquais l’allusion, je me heurtais à un silence glacial, et toutes mes discrètes invites tombaient dans le vide, au lieu de rebondir joyeusement comme cela se produisait quelques mois avant.

Maintenant il n’y a plus de nombres, une éternité incalculable s’étend devant moi, j’ai perdu le rythme de la vie, les repères du plaisir, des rencontres, je ne sais plus compter, dans trois jours j’aurai dépassé les un an de chasteté, ce qui est amusant c’est que pendant ma première période semblable, il y a vingt ans, je m’en fichais royalement ; j’étais même fière et soulagée de ne pas faire comme les autres, je les plaignais, j’étais libre et heureuse de me préserver du mal, du mâle, et ne comptais pas y revenir de sitot!

alors que maintenant je vis l'abstinence comme une injuste punition, voire une condamnation à mort. Je n'ai plus de visage, plus de corps, ils me sont devenus étrangers, maintenant que tu ne les connais plus. Que tu ne les aimes plus. Très vite, ils vont se déliter, devenir laids, anonymes ..

Ce que je redoutais le plus a fini par arriver.