Quel étrange blog!
Quand je l'ai commencé il y a .. deux ans, c'était avec ton accord, tu voulais qu'il soit "un lieu de mémoire", et déjà cette expression aurait du m'alerter : lieu de mémoire, égale mausolée, égale cimetière, égale choses passées qu'on ne veut pas encore oublier.
Ce blog, commencé à deux, avec tes textes inside, se termine à moi seule, litanie de l'absence,et nul commentaire ne vient l'abonder, les tiens moins que personne, tout le monde s'en fout, ici on n'est pas là pour ça.
Ah du temps de mes galipettes au donjon, j'en avais de commentaires de vicieux qui passaient par la, plus tard, un lecteur, un seul, s'est intéressé un temps à mes e xploits, puis à mes déboires, tous des salauds, à bas les mecs!
Je m'en fous, tant qu'on ne me l'interdit pas, je continue, au cas bien improbable où tu aurais l'idée de venir faire un tour, et de voir la vérité de mon âme défaite, le manque de mes tripes, le désarroi de mon coeur blessé.
Te voila libéré, tu as patiemment défait nos liens si forts, juste pour ton petit confort personnel, et celui de ta douce épouse qui n'a jamais rien su, mais si je voulais .. empoisonner votre petit bonheur bourgeois me plairait assez, tu pourrais ainsi me hair autant que tu m'as aimée. Je vais d'ailleurs surement le faire, un jour de folie furieuse.
Bon tu n'existes plus pour moi, tu as le bitogramme à zéro et le coeur à Berne. Tu n'es rien que ce souvenir obsédant, ce "pourquoi", ce "plus jamais" qui me torture.
Il y a juste deux mois, deux mois seulement, tout aurait pu qui sait ? etre différent, voici une copie de mon journal intime, nous sommes donc début octobre 2011, tu reviens d'un mariage en Picardie, tu es passé par Lyon en train et tu as regardé les alentours avec une attention particulière, bien disposé encore à mon égard il faut le croire ?
Mon appartement est à 500 mètres à vol d'oiseau. Tu as tout regardé en passant entre les deux tunnels, tu as pensé à moi, alors perchée sur mon haut balcon, telle une épouse médiévale en l'attente de son chevalier, espérant que la brume automnale se dissipe pour que tu puisses apercevoir un bout de ma vie, à un moment tu es passé si près, si loin, si vite.
Voici donc ce que j'écrivais, et ce qui a suivi et déchainé cet enfer.
3 octobre – début de la semaine décisive, mail or not mail ? réponse demain soir ..
Angoisse et espoir se disputent mon humeur, j’ai revé de lui, sur un écran avec une belle cravate bleu foncé et or, la nuit d’avant, il me faisait l’amour, il m’obsède ..
Tes mots me manquent .. j’ai déjà souvent écrit cette phrase qui sonne bien mais qui fait mal ..
C’est par les mots qu’il m’a séduite et qu’il continue à me séduire, quand je le vois, mais parfois ces mots font mal et je ne veux pas les entendre.
En parcourant son ancienne messagerie pour la débarrasser des publicités de l’Ortaline, je tombe sur le dernier message pour moi « je t’embrasse bébé, j’ai terriblement terriblement envie de toi » Si simple, si beau, si réconfortant ! à travers les mois échus, ces mots reviennent jusqu’à moi, me font du mal et du bien ..
On avait d’un commun accord (accord si parfait alors !) de laisser tomber cette messagerie autrefois dédiée surtout à E. Mais je ne suis jamais arrivé à la supprimer pour une raison que j’ignore, et il y reste tous nos messages et ceux d’E. et ceux de nos amis libertins. et les publicités de notre boite échangiste.
La boite live, il ne l’avait créée que pour nous. Il m’a dit qu’il la laisserait ouverte, quand on aura rompu.
Oui tes mots me manquent, passer ainsi de ta région avec toi présent (malgré tout) deux fois par semaine, au silence total, c’est trop clivant, je n’y arrive pas .. et pas plus tard que cet été, tes « mon ange », tes « jtm » .. et ce jeu autour de la maison mythique des années 20 .. pourquoi es tu si cruel, pourquoi m ‘as tu laissée venir alors ?
J’ai tant aimé pouvoir me reposer sur notre amour, me dire que « à 200 km de là, quelqu’un pense à toi très fort » (j’étais alors à la Salette en juin 2010) et que se revoir était une évidence, bien sur ! « en route pour de nouvelles aventures, bébé » (mars 2011)
Oui tes mots, forts, parfois crus ou si tendres, m’ont envoûtée .. peu à peu, ils m’ont enchaînée à toi, ils ont fait tomber mes défenses, mes tabous, j’en suis devenue accro, et maintenant, ils me manquent, depuis dix jours, oui, dix jours sans un mot de toi, ni parlé, ni écrit ..
Mais que t’est il arrivé mon Ange ? pourquoi m’as tu délaissée ? j’ai si mal de ta froide distance .. je voudrais pouvoir compter sur toi. Tu me le demandais bien, toi, et sans calculer ! « est ce que je peux compter sur toi pour l’avenir ? » … oh cette phrase divine m’ouvrait alors tant de perspectives !! c’était .. infini ..
4 octobre.
Avant 10 heures, T. avait lu mes messages ! mais pour la première fois je n’ai pas eu le cran d’aller voir « chez moi » s’il m’avait répondu et quoi .. Trouille bleue. Blocage de la chienne battue ! Voulant conserver le fragile avantage de voir qu’il est capable d’ouvrir sa boite quand il en a envie ..
Mais sa réponse ? .. il ne peut parler que de la maison, et me dire qu’il l’a vue, ou pas pu la voir .. il peut me dire qu’il va mieux, il peut aussi être froid et me rejeter. C’est pour ça que j’attends, surtout que je dois aller au sport, m’inscrire puis faire trois quart d’heure de musculation, et ensuite, bof je ne sais pas, finalement Angèle n’a pas besoin de moi ni ce soir ni demain ! Hier bien « travaillé » chez elle, en harmonie, toujours aucune question sur ma relation avec T. derniers jours de ce bel été indien qu’on va vite regretter !
Surprise le soir, Emma se réveille et m’envoie plusieurs sms au sujet de ma disparition de FB. J’ai réussi à la faire venir jeudi pour le café, après son dentiste et pour moi après le sport, enfin !!
Et une belle lettre du « berger ». Finalement cette nouvelle semaine s’annonce pas mal du tout, et l’autre je suis à Paris ! ( pauvre conne!!)
Reste à oser ouvrir mon courrier, et s’il y avait rien ?
J’ai ouvert, et bien m’en a pris, avant le sport : Bonjour bébé, il commence. (yess!!). Il adore ses photos de chevalier servant, revient sur le dernier épisode sans aucun dégout loin de là, avec les mots pourtant crus qu’il manie si bien, me complimente sur mes jambes, mes bas, mes chaussures mais aussi mon humeur agréable et détendue etc .. et tout à l’avenant, mais la maison, il ne l’a plus vue « à croire que je l’ai rêvée » (oui surement) mais me donne à nouveau un luxe de détails sur le trajet Part Dieu à chez moi !
j’ai donc attendu une heure pour ouvrir mais je répond, et il me répond etc .. c’est presque l’élan amoureux oui je le ressens bien comme ça, on est tellement contents de nous que les petits problèmes rencontrés s’effacent comme par magie, et il ne manque plus que d’oser se dire « je t’aime » .. mais ça viendra, j’ai la conviction maintenant que ce séjour n’a pas été une erreur, mais une étape qui nous a rapprochés.
Je suis heureuse à pleurer, à rire, je vais au sport toute contente, puis je descends en ville en voiture, le beau temps ne va pas durer alors je profite, la lumière est sublime, il fait 26 degrés, je regarde les choses d’automne qui me font à nouveau envie, car je sais que je les achèterai bientôt et les mettrai pour lui : bottillons compensés, soutif panthère, pulls camel .. et je vole au passage une belle ombre Bourjois « Intense » d’une superbe couleur, je voulais la payer mais bon .. c’est si facile !
La vie est vraiment belle !
5 octobre
Ma victoire est totale ! Thierry m’a écrit à ...7h15 du matin, puis m’a interpellée à 10 heures sur msn et ça je sais ce que ça veut dire !!! ..
Longue et belle conversation d’amoureux inavoués, car l’armure ultime ne craque pas ! « même si je t’aimais je suis trop fier pour te le dire » (sous entendu revenir sur la rupture de l’année dernière, qu’il a tant pris soin d’effacer dans mon esprit lors de mon séjour)
M’a avoué qu’il était bien avec moi, lui aussi, (en dehors du sexe on voulait dire) et que le sexe eh bien .. il évoque certains moments avec tant de classe et de crudité ! pas de doute, il meurt d’envie que je revienne !
D’accord, il tient à jouer encore sur mes faiblesses, ne pas être tout à fait le Thierry que je veux, mais tant pis, comme je lui dit c’est « autre chose » ..
Je l’adore, et je suis sure que lui aussi m’adore, et après nos vacances d’automne on va voir ce qu’on va voir !
Quel bonheur de pouvoir donner ce sens à l’avenir, dans le rêve comme dans le concret .. il faut absolument que je garde l’avantage, en étant légère, princesse, adorable …
Ce retournement de situation était pourtant prévisible, mais il y a deux jours, jamais je n’aurais cru à ce point là … Ce séjour a été profitable bien plus profondément que lui veut bien me le dire. Dans son brouillon, je ris sous cape, c’est délicieusement mufle et lamentable, et en même temps si touchant ..
Merci, merci, merci !!! (pauvre conne encore)
6 octobre
comme je le craignais, l’embellie a été de courte durée : rien aujourd’hui 19 h10. c’était trop beau pour durer, et chaque fois en bien ou en mal, je ne marche pas, je cours. Il n’a même pas terminé le brouillon qu’il préparait, il va surement laisser tomber.
7 octobre 18h
Cette fois j’en ai marre, marre d’être déçue et manipulée, marre de croire en sa comédie de mardi et mercredi, qu’il ose encore me servir comme avant, mais là j’avais des excuses, maintenant je n’en ai plus : la seule chose que je dois retenir c’est « appuyer sur la touche reset est impossible » point barre, tout le reste est du baratin et son attitude « accro » une pure provocation. S’il avait le moindre sentiment pour moi, il saurait que je ne supporte pas ce traitement de douche écossaise et me l’épargnerait, au moins par respect !!
Et là, on va partir en week end sans se dire au revoir, je meurs d’envie de lui envoyer carrément un mail de rupture bien ridicule et irréversible .. peut être. J’ai honte. Honte d’y avoir cru avant hier, d’avoir fait des projets, c’était si merveilleux ..
Encore hier, j’ai regardé Félicité sur mon petit combiné, et j’ai pleuré, je n’avais pas encore entendu le message de ma sœur disparue, je tombe sur quand elle pense à moi et compte sur moi dans le film et que je ne sais répondre ni à elle, ni à personne, à part, déjà, « lui ». Honte et chagrin, et aussi très forte envie de montrer ce film à Thierry ; mais il n’existe pas en DVD. Il n’existera jamais.
20 h30.
En fin de compte, j’ai tout effacé. Le message de ce matin, déjà revu et corrigé d’hier matin et d’hier soir, alors que j’y croyais de moins en moins, mais j’avais joins mon article sur Dubrovnik.
Et le message de rupture que je venais d’envoyer, bien senti mais si dérisoire, j’ai donc jugé plus digne de tout effacer, mettre le couvercle sur tout ça, me vautrer dans le vin blanc et la télé, et les larmes bien sur, et ce silence, ce silence .. injuste, si cruel après le festival de mardi et mercredi (mais que j’ai surement surestimé)
Il n’aura plus rien de moi, je lui donne trop, et trop d’importance, ce n’est pas ainsi que mes affaires avanceront, s’il est encore pensable qu’elles avancent, il est de plus en plus clair pour moi qu’il me joue la comédie depuis six mois et plus, depuis ma prétendue « reconquête ».
Sinon il n’envisagerait même pas de me faire souffrir ainsi. Quel hypocrite ! avoir pris tant soin que mes vacances se passent bien, mais par pur opportunisme !! il ne retient que le Q de ces moments là, n’admet qu’il a été bien avec moi que parce que je lui ai fait remarquer.
Dubrovnik, donc .. sera la dernière ville qu’on aura partagée. Peut être auras tu une pensée pour ta belle, ton « bébé » quand tu seras sur les remparts avec Madame et vos amis.
J’entre ce soir dans une nouvelle phase de désespoir, je vais pouvoir écrire le Sursis, pour commencer. Ce sera long jusqu’à mardi.
Je vais à Paris mardi, une autre ville, une autre vie, sans toi, sans sms ni mail. Tu dois te souvenir que j’y vais ? en général, même si tu ne m’aimes plus tu retiens tout ce que je te dis, et je t’ai dit que je regarderai si je trouve notre maison dans le tgv mardi prochain.
Deux jours seulement sans toi et je suis dans cet état, mais c’est que tu ne prends pas en compte ma souffrance d’abandon. Je suis comme ça depuis que j’ai perdu mes parents, je crois, avant, non.
Le lien se rompt avec celui que j’aime. Car il ne faut pas me faire d’illusion, il espace sciemment nos contacts, jouant sur le facteur découragement, le facteur temps, le facteur rancune et colère. Il fait semblant de s’extasier sur mon humeur charmante (parce qu ‘Il était là !) tout en sachant que son silence va me rejeter bien vite vers le chagrin, l’aigreur et la laideur et que je n’oserai plus paraître devant lui.
8 octobre
Petite nuit comme on s’en doute, recroquevillée sur ma peine et ma déception. Je ne lui ferai plus jamais confiance, je ne croirai plus un seul de ses mots, et je vais le quitter.
Exit le rêve de novembre, ultime mois où je n’ai pas connu Toulon, j’étais prête à bien des choses pour le découvrir, mais là c’est trop : passer de deux jours de joie triomphante à deux jours et plus bien sur, de vide et de désespoir, l’impression d’avoir été flouée, en fait, qu’il s’est foutu de moi tout simplement.
J’étais déjà prête, moi, pour de nouvelles aventures ! deux jours chez toi, au All Seasons que j’adore, avec admiration mutuelle, balade au Mont Faron, petits cadeaux suggérés, amour et sensualité, tout ce qu’on aime, tout ce que tu aimais ..
Je suis allée voir son mail, j’ai changé sa photo, que je juge obscène maintenant, contre celle de toi à la gare, il y a juste deux ans ..
Oui avec toute cette histoire, j’ai oublié que nous étions en plein anniversaire .. du 6 au 8 octobre, il y eut tant de choses, les baguettes chinoises, le massage, ta courte et unique panne, ma balade au Mourillon avec le vieux beau sympathique, moi fumant ma cigarette dehors, jambes nues encore le matin du 7, ou du 8 .. avec le café supplémentaire offert par l’hôtel. Les photos dans la chambre, avec ma robe noire style Cacharel, mon sourire vainqueur, de femme heureuse .. et pour couronner le tout, ta visite imprévue, irrépressible, sur ce quai de gare où je t’ai vu surgir, souriant, un peu gêné, nerveux, mais si amoureux ..
Toute ces scènes ont été immortalisées par ces photos de star .. et me revient toujours la chanson de Marc Lavoine « La semaine prochaine » à la mode cet automne là ..
Maintenant tu t’économises, tu me parles trop de ta femme, tu n’oserais pas la contrarier, elle, « ça créerait des tensions » n’est ce pas ?
Mais surtout ce silence de plomb, imparable.
20h15. Nouvelle journée vaine, juste arrangé mon dispositif téléphone, fait une lessive, deux hôtels, les fermes, un message à Thierry que je vais laisser, oui il le faut, et il finit sur une « note moins noire » avec cet article sur Dubro commandé par trivago, écrit un jour de bonheur et d’espoir ..
L ‘idée de ne plus jamais revoir Toulon me fait si mal, bien sur, je peux toujours y retourner sans te voir, mais pourquoi ? souffrir davantage et ne pas vivre ?
Est ce que j’exagère le mal ? non, car ça ne se fait pas de laisser tomber d’un coup toute communication alors que tu avais envie de me parler manifestement, alors pourquoi plus, soudain ?? pourquoi bordel ?
J’ai traîné à Leclerc et j’ai fait toutes les boutiques autour, me suis acheté un nouveau slim pour la gym, une bouteille de vin blanc d’Afrique du Sud pour les trois jours qui restent avant Paris.
Il m’a vraiment laissée pour le week end, jusqu’à midi, j’ai espéré le voir surgir, farceur comme parfois, mais non, s’il est de garde il s’est bien gardé de me le dire .. je ne le sais plus depuis juillet ..
J’ai envie de ne pas emporter mon pc à Paris. Je peux toujours utiliser l’Apple présent dans le studio, ou pas .. il vaudrait mieux que je coupe tout pendant la semaine, et attendre son retour de Dubro, ça ferait donc 15 jours sans rien de lui à moi. C’est dangereux, car il peut très bien m’oublier, en fait je vis dans la terreur qu’il me largue, tout simplement. Alors que mardi, puis mercredi, il m’a dit toutes sortes de choses, des plus encourageantes aux plus glauques, mais qu’y avait il de vrai dans tout ça ? à quel moment ?
Henriette m’a invitée et Françoise aussi, ça c’est bien.
11 octobre 9h10
Je pars dans une demi heure, c’est un petit calvaire sympathique, je renoue avec mes Paris d’antan, où je me brodais une fausse histoire, alors que je n’avais rien.
Et là c’est pareil, je prends moi aussi de la distance avec mes amours (agonisantes ?) alors qu’il y a juste une semaine j’avais déjà eu depuis deux heures un premier mail sémillant et si bon, si bon ..
Je fume la cigarette du condamné, une des Fency panthère qui me restent et que je garde pour novembre, à Toulon, mais j’y crois de moins en moins.
Ce serait ridicule de refaire le coup de l’année dernière, mettre la pression, il sait que je sais, mais en ce cas pourquoi ce retour de flamme la semaine dernière ?
Je pars sans mon netbook, mon portable restera muet de lui, je n’oserai même pas lui envoyer un sms, il ne le branche pas sans doute.
D’accord, je passe quatre jours loin de chez moi, mais ce n’est que quatre jours, quatre nuits, ce n’est rien ! Au retour, j’attaque tous azimuts et surtout le sport et reprise du régime qui maintenant j’en ai la preuve, fonctionne sur la durée ! c’est juste ce voyage qui me perturbera, mais désormais, rien n’est prévu avant deux mois. (Prague). Et à ce moment là, je saurai, je saurai si j’ai renoncé à Thierry, ou pas.
Je lui donne du temps, de l’espace, il reste l’émotion possible à Dubrovnik, il reste qu’il ouvre son mail aujourd’hui mais je partirai sans doute sans le savoir, et ce soir, saurai je utiliser le Mac ?
On ne sort de l’ambiguïté qu’à ses dépens
Et je ne veux pas en sortir, en fait, ça vaut mieux, jouer son jeu de chat et de souris me laisse de l’espoir ..
16 octobre
Il y a un mois, j’étais bien près de toi, c’était l’été, c’était la meilleure semaine de mon séjour, et maintenant je sais que tu ne l’as voulu que pour me faire plaisir.
Le 8 octobre donc, j’ai envoyé ce mail limite, je pensais avoir une plus grande marge de sécurité : mais il a riposté, le mardi à 13h08, par une incroyable mise au point, impitoyable et inoubliable, jamais lettre ne fut aussi longue, précise et sans espoir.
J’ai vraiment pris ce pavé en pleine gueule, en arrivant dans ce charmant petit nid de la cité Véron où j’avais élu domicile, comme avant moi Prévert et Boris Vian.
Et bien sur, le séjour a été catastrophique, surtout que le premier jour de beau temps, le 13 ( !) mon appareil photo m’a lui aussi lâchement abandonnée , il s’est bloqué et je n’ai pas pu reprendre les photos de la cité universitaire, ni celles du jardin Albert Kahn, double peine donc, plus d’illusion sur les sentiments de Thierry, et plus de photos, qui sont ma principale motivation pour voyager. Et en bonne radine et si mal, impossible de faire le geste de me racheter un appareil neuf. Je les regardais, c’est tout.
IL y eut d’autres mails, au dernier de lui, je n’ai pas pu répondre, comme s’il m’avait tuée ..L’entendre me dire « mes sentiments sont morts en été 2010 et les mots d’amour que tu attends ne reviendront plus, ouvre les yeux Michèle .. » (en substance)
Bien sur il a été en colère (je ne répondrai pas aux insultes par des insultes) et s’est vengé en me touchant au plus profond de mes espoirs, de mon cœur tout à lui ..
Dans le second message, sans relever mes excuses et propositions de « reset », il commence à me dire qu’on restera en contact par hotmail et après m’avoir asséné en allant à la ligne « je suis parti, j’ai largué les amarres », il ajoute « je reste à ton écoute ».
Trop dur, trop mal .. comment ai je fait, loin de toute aide et dérivatif, pour accomplir un semblant de programme dans un Paris sale, en travaux, décevant en somme, un Paris qui n’est plus le mien, parce que mon cœur est ailleurs maintenant et que je le désaime, comme tu me désaimes, moi ..
Heureusement j’avais un studio adorable, rassurant, tranquille et poétique, un Flunch à deux pas et bien mieux que celui des Halles, heureusement j’ai eu Françoise avec qui j’ai bien discuté, et pas que de moi, c’ets elle qui m’a demandé, et elle m’a conseillée de faire profil bas, et de ne pas envenimer encore la situation, prendre ce qu’il restait à prendre : et même si je doute qu’il y aura encore autre chose, je me sens soudain rassérénée, motivée, l’espoir chez moi est si dur à tuer, surtout quand on a bu chacune une pinte de bière impasse du Trésor, un havre de paix au cœur du Marais !
Alors je survis et je ne réponds pas à son second message, au lieu de profiter de la permission qu’il me donne de lui écrire ( ?)
Le 14 octobre le vendredi, en plus je le crois déjà parti à Dubrovnik et cela facilite ce silence ! et en plus, il fera beau ce jour là, et même sans les photos, je suis contente de retrouver la cité universitaire, avec exactement le même temps qu’il y a trois ans, un magnifique soleil automnal .. Tout nous restait à vivre alors, on n’en était qu’à la saison I du Donjon .. une semaine vanille (et joueuse) au printemps et notre première rencontre si forte et si étrange de la fin de l’hiver .. Ses sentiments étaient ils déjà là ? je pense maintenant que oui, quand je le relis.
Je lâche prise, renonce aux sacro saintes photos, bien obligée( mon Kodak lui aussi s’est cassé, en plein séjour ! .. je bois un café à la cafète, et je me balade dans le quartier, les villas, le parc Montsouris, et une jolie boulangerie où je me régale d’une baguette viennoise aux pépites de chocolat, enfin non, je l’emmène avec moi dans le parc, c’est un bon moment, je me sens résignée, rêveuse, nostalgique, les larmes viennent parfois, j’ai honte et je les essuie, puis enfin je me réconcilie avec Paris, les Tuileries, le Carrousel du Louvre, enfin les beaux endroits que j’aimais .. lumière idéale, j’essaie d’oublier les photos, rien n’est grave à coté de ce qui m’arrive : il n’y aura jamais de novembre à Toulon, avec toi, jamais .. et pourtant tu m’avais promis le Mont Faron en automne.
« pour me faire plaisir »..
Je rentre, et .. je trouve un message de toi ! déjà ? il est court, mais pas méchant comme les autres, au contraire, il me parle des remparts de Dubrovnik, où tu penseras à moi, il me parle des photos que tu m’enverras à ton retour, et au temps frais et beau que tu vas avoir, et pas de bain adriatique pour toi ..
Je n’ose y croire, je me dis que tu écris cela par peur, tu as du réaliser que tu as été trop cruel et que je risque de craquer et sévir contre toi sans préavis, c’est l’hypothèse la plus basique, la plus crédible ..
Ou alors, mon silence t’a interpellé, tu as regretté tes paroles si dures, tu veux faire reset toi aussi, et tu reviens vers moi avant même d’être parti ?
J’éprouve une sorte de bonheur possible, pas réellement sur, mais bonheur et confiance nouvelle et naissante .. je débouche ma topette de rosé, et toute guillerette, je ressors vers le Flunch m’offrir un très bon repas ! aiguillettes de poulet aux pruneaux, et pour accompagner, nombre de « légumes » enfin les mangeables, surtout frites, purée et couscous, à coté de quelques haricots verts alibi .. je me sens à nouveau dans le monde des vivants, pas comme dans la chanson de Julien Clerc que j’ai apprise hier soir :
« Souffrir par toi, n’est pas souffrir,
C’est comme mourir, c’est comme faire rire,
C’est s’éloigner du monde des vivants « ..
Je vais pouvoir enfin lui répondre, sur le mode prudent, distancié mais avec quelques détails de connivence : je lui parlerai de ses pulls, et j’attribuerai la fameuse citation sur l’ambiguïté à Machiavel au lieu de BHL, pour lui donner l’occasion de me corriger bien vite (réaction de bon élève à laquelle je m’attends !) et c’est tout.
Jamais je ne lui proposerai une rencontre, il m’a trop humiliée et blessée .. je préfère me priver de lui plutôt que de m’imposer, je n’ai plus assez de pouvoir pour le faire, maintenant ..
J ‘ai retrouvé sur un carnet papier un mot de lui pendant l’amour « il y a des moments où je t’aime .. aie, j ‘ai craché le morceau ! » Puis un peu plus tôt, ou plus tard, il me l’a soufflé, ce je t’aime, à peine audible, mais il dit ne pas s’en souvenir.
Et dans le 59 j’ai trouvé ce texto avec à la fin « jtm » : là tu t’en es souvenu, mais tu as dit que ce ne sont que des lettres, pas des mots ! et « pour te faire plaisir, prolonger ton bonheur le plus longtemps possible » ..
Je garde ces moments du printemps et de l’été comme une sorte de renaissance trompeuse et mal aboutie : tu n’en démordras pas, tu ne m’aimes plus, pour une raison X, depuis plus d’un an et tu ne veux pas sortir de là, en plus tu m’en veux à mort de t’avoir « humilié » en te faisant revenir à moi pendant ces six mois de sursis. C’est aussi simple que ça, l’orgueil, et l’usure du temps, aussi, sûrement oui
Mon séjour à Paris s’est donc mieux terminé qu’il n’a commencé, le matin du 15 octobre, hier samedi, il faisait encore très beau, j’ai bouclé ma valise et l’ai laissée dans le studio pour aller au Père Lachaise.
J’ai acheté une plante verte avec des fleurs blanches, et je suis allée vers toi, ma sœur, depuis si longtemps et la dernière fois j’étais une femme aimée (mars 2010, ses sms ..)
J’ai eu l’énorme surprise de voir que le petit lierre que j’avais apporté il y a quelques années a encore grandi et s’est étalé de près d’un mètre autour de la tombe, étendant son domaine par des pousses vigoureuses hors de la terre battue pourtant si ingrate : c’est magnifique comme signe je trouve ..
Je m’assois familièrement sur la pierre glacée, pourtant au soleil, je te raconte un peu tout ça, c’est peut être toi, ou Ste Rita, ou St Antoine, qui lui a fait écrire ce mot tout de même un peu encourageant ..
Balade dans le cimetière, je m’y perd mais m’y retrouve toujours, Claude Chabrol est enterré dans l’allée de Chopin, à coté de Mano Solo.
Il est facile de dompter mon impatience, et de retour pour la valise, je ne rencontre personne la femme de ménage n’est pas arrivée.
Métro, escaliers sans fin, avec la valise, attente, train à l’heure, et place assise toute seule, au soleil, quel repos pour le cœur !
Je revois « la maison des années 20 « mieux qu’à l’aller, c’est la deuxième je pense, après la petite que j’avais repérée d’abord, elle est blanche et entourée d’arbres, ce n’est pas la même qu’à l’aller.
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Voila donc toute l'histoire .. depuis la dernière fois où il m'a appelée "bébé", jusqu'à cet assassinat parisien, puis ce petit, tout petit espoir qui va se révéler bien vain deux mois bientot plus tard, mails espacés, impersonnels, évitants .. et moi qui sombre de plus en plus, doit aller à Prague la semaine prochaine ..
Ah oui, tiens, Prague, oui, dernier ultime signe du destin qui m'a donné un regain de vie la semaine dernière (cette fois tu m'avais écrit dès le mardi matin, encore un signe!!!) : Prague et Vienne ont été tirés au sort des visites 2012 !
Prague où je vais donc, puis Vienne, Vienne dont tu m'as parlé fin octobre quand meme, oui, le jour où tu m'as demandé si j'avais remis des bas, parce que c'était l'année Klimt et tu savais encore que j'aime ce peintre ..
Alors comme ça, on ira, mais plus en étant ensemble, il n'y a plus d'espoir que dans la contrainte, mais je ne me sens plus assez forte pour ça mon coeur, j'aurais trop peur que le miracle du 7 décembre 2010 (voir Retrouvailles) ne se reproduise pas.
Que tout bêtement, tu ne bandes plus pour moi.
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