Mercredi 5 juin 3 05 /06 /Juin 19:42

 

Une nuit que je ne dormais pas - en exil  à la Salette dans ma misérable chambrette de 6 m2, au bout de tant de jours de pluie et de froid en plein mois de mai pourtant, il a fallu qu'une idée, qu'un projet bien précis me sauve du marasme et me donne un semblant d'énergie, un but concret et surtout la possibilité de me rendormir.

 

Ce donjon que je n'avais plus, j'allais le recréer pour moi, chez moi, une sorte de drogue de substitution, un ersatz de sensations, un pays imaginaire, une parodie, une fantaisie, un défi .. Tant pis si je suis folle, si je recule au lieu d'avancer, c'est mon choix.

 

Depuis quatre ans que je vivais là, ma chambre n'avait pas bougé : un délire d'orange et rose foncé que je savais du pire gout, mais qui m'avait plu par son coté excessivement kitsch, sa gaieté, sa chaleur, mais justement, je ne pouvais plus la supporter, sa lumière était une insulte à mon deuil, le temps des larmes et de l'abstinence était venu, alors dans cette nuit glaciale, concevoir ce projet audacieux forçait la dose, et donc dépassait le mal.

 

Il y avait une part de "gag" et de plaisanterie dans cette entreprise, surement, personne meme pas moi ne pourrait croire que ma chambre lambda allait se transformer en donjon grâce à  5 litres de peinture acrylique, il y avait aussi du manque, une sorte d'appel au secours, de puissante nostalgie, d'impossible, rien à faire, les mois avaient beau passer, le besoin de m'y retrouver avec ou sans lui était toujours aussi fort, le remords d'avoir moi meme, par dépit, par caprice, initié le processus d'abandon, toujours plus fort, plus empoisonnant.

 

Quoi de plus simple pour ce projet, pratiquement ? la chambre ne comporte que deux murs pleins, les deux autres c'est une baie et un grand placard faisant suite à la porte.

La tapisserie orange avait été posée par un pro, donc j'espérais qu'elle se décollerait facilement, ce qui se révéla exact.

j'ai une sorte de lit à barreaux et volutes, un ancien modèle d'Ikea qui m'avait plu il y a sept ans, il figurerait la cage, avec ses barreaux de métal noir. Je pourrai y suspendre les menottes de métal brillant, lourdes, magnifiques, des vraies, pas des menottes de sex shop en fourrure! et je les ai tellement portées, dans sa voiture, au donjon et ailleurs.

 

Une commode noire, dont j'avais repeint le plateau et un tiroir, abimés, en rouge foncé : impeccable pour rappeler les couleurs donjonesques, noir et rouge, gris foncé.

 

Le gris foncé, ce seraient les murs, que je repeindrai en anthracite mat. Cette couleur élégante et saturée d'ombre que j'ai retrouvée aussi dans tous les musées dédiés à l'Holocauste que j'ai visités! - Paris, Berlin, Riga -

 

Et bien sur, ce gris là recouvrait tous les hauts murs du donjon, jusqu'aux plafonds de type industriel, qui les premiers temps, laissaient entrer la lumière du jour par deux grands vasistas - condamnés par la suite, à mon grand soulagement, mais au moins trois fois, j'ai accepté de faire l'amour, moi, sous cette lumière là qui tombait directement et crument sur le lit rustique, peu adapté, lui, au reste du décor.

Chez moi ce seront des rideaux qui voileront la lumière : ceux que j'avais sont d'un rouge tirant sur le violine : parfaits avec l'orange, sinistres avec le gris foncé! Je ne voulais pas d'une chambre mortuaire, alors j'ai acheté les mêmes, mais en rouge franc, chez Casto, et coup de chance ils étaient en promo!

J'ai hésité un long moment devant la vingtaine de nuances de gris proposée au rayon peinture.

Ce fut le "Graphite mat" qui remporta mon choix, un gris sombre et profond qui se rapprochait le plus de la réalité disparue. (pas pour tout le monde, pas encore, le bail finit en février, le 6 des trois six neuf!, putain, on aurait pu le garder encore un an!)

 

Heureusement, le gris est à la mode, pas uniquement dans le genre sulfureux, mais dans l'esprit loft newyorkais, et ça m'allait aussi, évidemment! Et ça rendrait ma chambre présentable, une fois débarrassée des accessoires évocateurs.

 

Il ne m'a fallu que trois jours pour protéger les plinthes et les bords avec du rouleau adhésif spécial peinture, dégager les angles puis passer le rouleau tout partout où il le fallait, et deux fois, j'ai du racheter un autre bac, car le monocouche c'est un pur argument de vente!

 

Puis changer la housse de couette colorée pour une autre très sobre, les rideaux, et repeindre aussi la porte pliante du placard, l'autre est cassée, et fut remplacée par un voilage rayé gris ton sur ton.

 

J'ai ensuite sorti de leur casier en carton les précieux accessoires dont je me suis laissée encombrer : le collier si lourd, les bracelets de métal pour les chevilles et ceux, plus minces, pour les poignets.

les bracelets en cuir aussi, avec les belles boucles métalliques.

 

Sans leur disparition, Roland n'aurait jamais su que T abandonnait, avec moi, le donjon, et peut etre si je n'avais pas accepté ces cadeaux empoisonnés, on l'aurait encore .. il aurait changé d'idée et j'aurais su le convaincre, il avait hésité tant de temps, par égard pour son ami, et pour moi aussi, je pense, me faire plaisir, mais c'est trop tard maintenant..

 

J'enrage d'avoir été l'artisan de mon propre malheur et d'avoir été ainsi manipulée, mais un jour j'aurai ma revanche. D'une façon ou d'une autre. Il y a des choses qu'on ne peut oublier, pardonner.

 

 

Mais pour l'instant, ce travail frénétique exorcisait mon dépit, et je suis assez fière d'avoir créé cette chambre à double lecture, selon que les accessoires y sont apparents ou non.

 

Je me souvenais de sa passion à lui, quand il construisait la cage barreau après barreau, les achetant à mesure, en espèces, au Leroy Merlin voisin. Lui aussi, alors, y mettait toute son ame, tout son désir, pourtant déjà vacillant, fluctuant, et c'était pour de vrai, la cage j'y suis entrée souvent, et lui, une fois. A la fin, son dernier fantasme.

D'autres femmes de passage, épouvantées, n'osèrent pas y mettre les pieds! Et moi maintenant, à des centaines de kilomètres de route et de pensée, je faisais pareil que lui, et j'aimais ça.

 

J'ai disposé par terre un petit tapis rouge, pour rappeler la moquette de meme couleur qui est la bas, déjà bien tachée et je contemple mon oeuvre, même pas apaisée, car je n'y vois maintenant qu'elle est terminée qu'obsession et douleur de la perte.

 

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Bien sur il y a les couleurs, les accessoires, mais je n'entends plus ses pas à l'étage quand je me préparais dans la cuisine, alors que lui était monté mettre la musique, la climatisation, les lumières rouges.

Bien sur il ya un grand lit, mais pas de place pour un canapé à méridienne, une table survolée de ce trapèze volant où j'ai pris tant de plaisir violent, pour la croix de St André, la cage, les anneaux vissés au sol, au mur, les commodes dépareillées avec les bougies, les plugs difformes, les taches de cire. oh comme j'aime ce lieu, chevillé à mon corps, à mon âme! il me l'offrait, c'était son cadeau, pendant tout ce temps.

 

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Et puis il n'y a pas Lui, qui s'approche de moi avec ce sourire, ces tendres baisers, ce désir qu'il me fait sentir dès la porte refermée sur la banlieue sinistrée, avec cette douce insistance que j'ai adorée tout de suite, et qui venue d'un autre m'aurait surement fait horreur.

Plus jamais nos jeux fous du début à la fin, plus ces après midi presque vanille aussi, plus jamais le café que j'avais servi la fois du tabouret, et qu'on avait laissé refroidir, tu parles, plus jamais les deux jolis verres de Muscat dégustés pendant la trève, et ensuite l'un ou l'autre les descendait en cuisine pour les laver, correctement! Tes nouvelles bouteilles, les boiras tu sans moi ?

Parfois sa femme téléphonait, il l'appelait chérie, pas moi, jamais, sauf pendant l'acte, et pas toujours, mais la dernière fois, oui, je crois. A peine audible ou alors je l'ai rêvé.

Il y avait le moment où je savais qu'il allait dire "je dois y aller", il descendait prendre sa douche, je fouillais dans son cartable, je rangeais le désordre, moi je voulais garder sur moi son odeur, l'odeur de l'amour, jusqu'au soir, mes yeux brillants, ce sourire épanoui, je me retenais de montrer mon chagrin, mais il n'était pas tout à fait vrai, ce chagrin, un peu larmes de crocodile, je savais bien que j'allais revenir, surtout fin aout, oui surtout ce jour là, alors que justement le traitre, après m'avoir promis monts et merveilles avant de me quitter provisoirement, allait me trahir sans raison.

Je ne serai pas en paix tant que je ne saurai pas "pourquoi"! Le vrai du vrai.

Pourquoi avoir mis sur sa présentation msn "non à la dictature du pénétrariat" ? pourquoi ? après m'avoir pénétrée sans contrainte ni fatigue et je pensais avec plaisir pendant deux heures ?

 

J'avais cru à une plaisanterie, juste faire un bon mot, eh bien je me trompais. la sinistre suite me l'a prouvé.

 

Elément extérieur peut etre ? sa femme ayant découvert une partie de la vérité ? Désespoir réel d'avoir été "largué" par cette encombrante Sophie qui ne fut la, selon lui, que pour me neutraliser ? et en réalité il était bien accroché ? Possible.

 

J'avais constaté qu'il n'était jamais plus amoureux de moi que s'il avait, à coté, une autre femme en réserve (Emilie, Anna, Sophie). C'est pour ça que je lui ai pardonné ses fredaines. Alors il a été perdu.

 

Il doit y avoir une vraie explication, on n'a pas pu se revenir ainsi pendant trois ou quatre mois pour retomber aussi bas.

 

Je le saurai, coûte que coute. meme si ce soir tu as été silencieux, sans meme un passage visible.

Si tu préfères etre à ma merci qu'etre avec moi, un peu, c'était tout ce que je voulais et que tu voulais aussi dans ton Préambule.

 

dj1.JPG            Dj

 

   dj2.JPG           dj3

 

Est ce que je suis en train de perdre pied ? quand je vois tout ce que j'ai fait pour rien, ces voyages inutiles, et maintenant cette folie décorative ?

Il me reste trois semaines.

 

j'ai peur que tout cela ne finisse très mal, pour lui, pour moi ou pour les deux.

Par Violette-et-Lui - Publié dans : Récit - Communauté : les blogs persos
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