Retour sur la période précédent ce jour là, le mardii 25 février.
Depuis la ponctuelle reprise de contact de janvier, le 15 tout juste, j'ai bien senti que l'humeur avait changé et qu'il était moins sur de pouvoir honorer le contrat prévu (une séance de baise tous les trois mois, pour faire simple) - Je me suis très vite énervée et il a du m'avouer qu'il n'allait pas bien "depuis notre rencontre" mais qu'on pourrait faire une balade en bateau en février, à mon retour de Lisbonne. Et même qu'il était « content de me revoir ».
De là nos contacts se limitèrent à la botanique, à la politique et à la météo. Le temps passait, les jours de pluie succédant aux jours de pluie, et je ne voyais pas revenir les agréables petits flirts de l'automne, les remarques sur mes photos, et justement, les nouvelles photos de moi à Lisbonne qu'il "oubliait" de commenter au profit des palmiers par exemple, ce qui me vexait grandement.
Avais je tant changé en quatre mois ? Avais je moins d'intérêt qu'une plante verte ?
Néanmoins on a fini par se mettre d'accord sur une date, et je me suis pris la tète au sujet du bateau, car ne serai je pas déçue qu'il n'y aie que le bateau ? Je gardais de juillet un souvenir horrible, un si beau jour où il ne s'était strictement rien passé entre nous ! la honte ..
Mais pour une fois, la pluie m'a été favorable en nous donnant une chance, elle qui m'accompagne maintenant où que j'aille !
Quelques jours avant mon départ, en effet, je vois sur Météo France que la pluie sévira ce jour là sur tout le midi : une pluie grise et continue peu compatible avec une traversée de la rade en batobus! Yessss ...
Je n'ose pas lui dire en face, fait il semblant de n'avoir pas vu lui non plus, si féru de météo ?
Va t il me demander de ne pas venir ? Car on n'a pas de plan B. (plan baise je veux dire!) Au mieux on passera l'après midi dans un café d'une petite ville voisine ?
Le jeudi on discute bien, il me dit meme qu'il est de garde, ce qui est bon signe, mais ce sera le seul, car aucune allusion érotique, calme plat.
Le dimanche pareil, et il finit par me faire avouer qu'il va pleuvoir le surlendemain!
A ma grande surprise, et avec le plus grand naturel, il me dit "tu me donneras le numéro de ta chambre" tout comme il faisait « avant »,quand on savait bien pourquoi je venais !
Je traduis qu'il pourrait se passer quelque chose et j'en suis contente car l'idée d'une traversée hivernale et venteuse ne me dit rien de bon!
Je change donc radicalement de tenues à emporter , je prends les flûtes en plastique et le tire bouchon, sans aller jusqu'à prévoir la jupette en vinyle ultra courte, je prends les bas noirs et les escarpins rouge vernis qu'on aime tant. Au dernier moment je choisirai entre eux et mes bottes.
Le premier jour il fait beau encore, et je vais me balader sur la plage dans une relative insouciance, cela doit etre les vacances scolaires car il y a beaucoup de familles avec enfants sur la promenade. Comme j'aimerais vivre ici! comment peut on etre déprimé au bord de la mer ? Avant lui pourtant je détestais la Côte d'Azur, trop bling bling.
J'ai retrouvé une des chambres de cet hotel redécoré, la moquette à gros pois, les murs taupes, le mobilier épuré, le mur a grands motifs rose et blanc, la douche à l'italienne, une de celles où l'on s'est aimés si fort, si différemment mais toujours si fort, avec ou sans mimosas, retrouvailles, Olympia, baguettes chinoises, que de plats délicieux aux menus!
C'est plus fort que moi, je revis toujours ces instants, nos mains qui se cherchent et s'étreignent pendant l'amour, les mots bleus, les mots crus, les rires étouffés, les râles de plaisirs .. le grand jeu quoi! Tout était évident, naturel, sans limites, même et surtout après une brouille, un break (maintenant je sais pourquoi il en faisait ..)
Mais là j'ai forcément un doute!
Déjà le matin, aucun signe avant 13h15 - il m'avait promis pourtant de recharger son portable secret, va til faire le mort et me planter là ? oserait il tant son angoisse est grande ?
Non, enfin il m'envoie un bref texto. Mais froid et utilitaire.
Je dois descendre le chercher car cet hôtel a maintenant un système d'ascenseur sécurisé et l'escalier est bloqué dans le sens de la montée.
Adieu les hauts talons rouges, déjà que ma jupe est bien courte .. et qu'on est juste devant la réception, ce serait louche. Je maudis cette sécurisation à outrance qui rompt le naturel.
Je le vois sur le parvis. Il pleut un peu, il est en train de téléphoner, je souris, ça me rappelle le premier jour ici, le jour des lauriers rose, sa femme lui téléphonait alors qu'il venait me chercher pour inaugurer le donjon! ce jour la grand soleil de juillet, amour fou des commencements. il m'avait pris la main tout de suite pour m’entraîner au parking en sous sol. C'était la première fois qu'on se voyait dehors et je redoutais à tort ce moment là !
Enfin il m'aperçoit et entre dans le hall. On se sent épiés (je suis là depuis deux minutes on m'a déjà demandé si "on pouvait m'aider"!)
On ne peut meme pas s'embrasser de peur d'attirer l'attention des cerbères ; je suis censée occuper seule la chambre ! j'appelle l'ascenseur, je pense à celui de l'autre Ibis, le miracle se reproduira t il ? sa main s'approchera t elle de ma cuisse avec cette ferveur muette ? Il y a un étage en moins ..
Non bien sur, meme pas dans le long couloir façon hôtel Overlord de « Shining »
Je le sens tendu, triste et inquiet au sujet de problèmes familiaux dont il me parle sans détour, en ami, alors cela s'annonce mal coté libido .. tant pis, ne pas faire attention, laisser du temps, le mettre à l'aise. Je me sens pourtant gauche dans mon habillement hybride, les bas sous les bottes plates, le tee shirt qui ne me va pas et la jupe passe partout ..
il porte autour du cou l'écharpe grise et noire dont il avait fait le fameux bandeau fin novembre.
Je le laisse vider son sac, il a l'air si triste avec ses yeux bleus perdus, mais n'hésite pas à se confier.
Il me dit qu'il faisait semblant de téléphoner dehors, pour se donner une contenance, cela me fait rire car c'était vraiment bien imité et ça détend l'atmosphère.
Ensuite on parle de notre affaire et il me redit toutes ces choses, qu'il a trouvé ce compromis, qu'il peut avoir des »relations sexuelles » avec moi mais sans pénétration, - il sait pourtant que pour moi c'est le plus important, qu'un homme – lui ! - bande pour moi il sait que c'est le B A Ba et que tout a commencé comme ça, et que c'est inscrit dans mon programme sans concession possible!
Il m'offre ses doigts, sa langue, regrette que je n'ai pas apporté de "jouet", mais j'ai une idée lumineuse plus indirecte - souhaitant se démarquer de sa femme qui semble accepter ces petits arrangements -
Je lui demande de rejouer au chevalier servant, et de me mettre mes escarpins à boucles, comme il le faisait parfois quand j'étais en retard, ou en arrivant au donjon ; cela faisait partie des jeux.
J'ai envie de ça. Qu'il soit à mes pieds et retrouve ces sensations là. Cela peut fonctionner.
Il le fait de bonne grâce. Il prend son temps, moi je prends des photos, ses belles mains autour de ma cheville gainée de nylon noir, la boucle rebelle qui tombe sur son front, le vernis rouge et brillant de ma chaussure, il a même le sourire, je crois que j'ai eu une bonne initiative, pour une fois …
il me dit qu'il aime encore la lingerie, les belles chaussures, puis il se rassoit sur le bord du lit et caresse mes cuisses, mes jambes, que j'ai négligemment posées sur les siennes, tout en causant, il continue, alors je m'enhardis mais sans vraiment y penser, à poser ma petite main sur son jean, à l'endroit stratégique, et j'ai la surprise immense de sentir en direct, se réveiller l'animal tapi sous la toile rêche, et c'est une sensation si délicieuse et surnaturelle !
En quelques secondes, tout a changé, et le miracle c'est que ça dure, on continue de parler comme si de rien n'était, c'est stupide d’être aussi timides ! - je ne sais pas lui mais moi je jubile intérieurement, n'osant y croire car vraiment ce n'était pas gagné vu le contexte des dernières semaines, très différentes de l'automne, plus chaud.
Je me félicite d'avoir eu cette idée pour les chaussures, mais c'est pénible de devoir dépendre des caprices de la nature masculine ! Et de devoir toujours inventer quelque chose ! Avant je n'y pensais pas, avant qu'il ne saborde sa vitalité pour ne pas « courir à sa perte » (?)
On reste comme ça peut être un bon quart d'heure, je souffre pour lui d’être aussi serré entre sa ceinture, son jean, et son érection persistante, il est temps de poursuivre ..meme si maintenant on a peur de la suite ce serait stupide de s'arrêter en si bon chemin, alors il se lève et je m'agenouille à ses pieds, je l'aide à délacer ses chaussures, telle une esclave, afin qu'il puisse se dévêtir complètement comme il le fait toujours, et enfin je peux m'emparer de l'objet précieux du désir ..
Comme j'aimerais que ce soit plus souvent, je suis sure qu'il guérirait et redeviendrait lui même, à force de patience angélique, tendresse lascive, inventivité ..
Bien sur il m'arrête quand la pression est trop forte .. mais on s'allonge sur le lit et il me prend, il me prévient que ça risque d’être rapide, ça je commence à m' y faire, et je n'ai même pas le temps de prendre une photo souvenir comme la dernière fois !
Le plus grave est que je ne vois pas que c'est déjà terminé .. Depuis dix huit mois en effet, il n'a visiblement plus de plaisir au moment fatidique, et cela m'inquiète encore plus que la brièveté de l'acte -
La conclusion- au bout de deux heures environ ! - , je la sentais clairement venir, le membre comme un cheval bien dressé qui se cabrait une fois, deux fois, avant le grand final, accompagné de véritables cris de plaisir et presque de souffrance (la première fois très impressionnée, car mon ex n'était pas si démonstratif, bien qu'excellent amant aussi)
Je comprends soudain à ce moment là, que s'il ne ressent plus de plaisir, il n'aie pas envie de commencer .. il aurait pu me le dire .. le problème donc n'est même pas dans le désir, mais dans le plaisir qui devrait s'ensuivre .. Il doit avoir pris peur de « ça », ce lâcher prise, et donc l'éviter ? Une sorte de phobie déclenchée par l'effet tabouret ?.. plusieurs fois d'ailleurs, il me demandait de ne pas conclure et je me demandais bien pourquoi. Je ne suis pas si compliquée ..
Comment un mécanisme si bien rôdé s'est il soudain grippé si durablement, en l'absence de toute atteinte physique ?
Je lutte contre la frustration, car il a quand même voulu, et j'ai réussi, merci la pluie ! Et tout est perfectible.
Comme toujours, il reste allongé sur lit en position romaine, toujours nu et tout en discutant longuement, nous sirotons l'excellent vin d'orange qu'il a concocté lui même, il s'amuse à calculer le titrage de l'ensemble sur mon petit carnet, précieux autographe ! Il est arrivé à 18 degrés, ce n'est pas mal pour le milieu de l'après midi !
Comme toujours il va prendre quand même sa douche selon le même rituel, utilisant le gel en cours chez lui ! J'aimerais trop le voir en transvaser une dose en cachette, dans un petit flacon d'échantillon médical, puis le ranger dans son cartable. Je pense qu'en tant qu'épouse, j'aurais eu vit fait de découvrir le pot aux roses !
Mes futiles pensées sont vite remises en place quand il s'est rhabillé, la ressemblance avec les épisodes passés n'était qu'apparente .. il est devenu plus distant soudain, et m'annonce comme si c'était naturel, que la prochaine fois ce sera .. en mai, dans trois mois et que les premières semaines on ne se parlerait pas, comme en décembre et une partie de janvier.
Je ne peux pas m’empêcher de pleurer et de me rebeller. C'est quoi cet oukase ? « relis le préambule »me répond il, inflexible, mais dans ma naiveté je pensais que ce ne serait valable qu'une fois.
Il va falloir le laisser seul avec ses idées sombres ? Seul le jeudi soir en particulier ? Que fera t il maintenant sans moi ?
C'est à ce moment que je lui demande genre film des années 50 « tu m'aimes » ? comme si j'étais sure de la réponse, ou d'une réplique style « moi non plus » mais là il est très sérieux, il me regarde bien en face de ses étroits yeux bleus et il me dit « non je ne t'aime pas » (ou plus, ou les deux)
J'ai perdu une occasion de me taire. Je voulais juste le taquiner. Il aurait pu laisser planer le doute. Il avait bien essayé de m'apprendre la règle d'or : ne pas sortir de l'ambiguité car on y perd toujours.
Mais bizarrement lui demander « je te plais ? » aurait été encore plus difficile pour moi, imaginons qu'il me réponde non !
Je repleure mais ça ne lui fait toujours pas d'effet. Pourtant ce ne sont pas des larmes de crocodiles comme c'était le cas avant, et il me suppliait d’arrêter, et faisait tout ce que je voulais !
Alors ensuite, forcément le charme est rompu, et c'est la dernière ligne droite, je sais qu'il va bientôt partir, et que je n'obtiendrai rien de plus que cette promesse « non je ne t'oublierai pas et on se verra dans trois mois … on y est presque en mai, regarde, déjà samedi c'est le premier mars ! Tu as ton travail à finir et moi mon cours à préparer – oui mais on sera plus vieux – mais non ! « tu parles .. il ne se rend pas compte !
Je suppose vaguement qu'il ne fait que me supporter et gagner du temps, en attendant que je guérisse de mon « érotomanie » ; Il concède que je ne suis pas dans le délire (puisque ça été vrai notre amour) mais dans le déni. Nuance. 50 Nuances de gris ..
Je le raccompagne dans le hall, on ne dit rien d'important, je ne sais même plus si on s'est embrassés, il est avalé par la porte à tambour, il ne se retourne pas, il ouvre son parapluie et disparaît dans le soir tombant ...
Je m'étais promis que si crac crac il y aurait, je m'offrirai un menu moules frites dans une brasserie du port ! dès les premières fois, c'était un rituel, pour fêter ça ! Je croyais toutes les connaître mais c'est à « la Tortue » que j'entre, le seul restaurant à peu près plein, donc moins intimidant pour diner seule. je ne suis pas si malheureuse que ça au contraire!
C'est quand même une drôle de vie, oui, même avant, je dînais seule bien sur. Finalement c'est pareil, il ne m'aime plus, mais avant je n'y croyais pas qu'il m'aimait, alors .. Et puis toujours aussi peur de ne pas revenir .. la seule différence c'est que j'avais les joues roses et les yeux brillants grâce à de longs exercices amoureux, et aux mots bleus ..
Le lendemain dans le train du retour (il ne m'a même pas demandé à quelle heure je l'avais tellement il s'en fout) j'inventerai un dialogue imaginaire, des sms que je ne recevrai plus, un mail qui ne m'attendra plus.
Mais c'était aléatoire .. il arrivait aussi que je n'aie rien avant plusieurs jours, alors même que la rencontre avait été torride, alors ..
Je repars avec du vin d'orange (transvasé dans une petite bouteille d'Evian) mais sans mimosa. C'était pourtant la saison. Je ne l'ai eu qu'en photo, sur son arbre dans son jardin ! Ça m'aurait fait tellement plaisir pour pas cher .. mais c'est vrai, j'aurais pu me faire des idées !!
Parfois j'arrive à imaginer le printemps, ce sera mon prochain voyage, rien avant fin avril, début mai, car il fait si froid, il pleut si souvent partout, mais sûrement il fera soleil sur le port, dans mon cœur, peut être que je vais lui manquer et dans un mois déjà on se parle.
Janvier 2025 | ||||||||||
L | M | M | J | V | S | D | ||||
1 | 2 | 3 | 4 | 5 | ||||||
6 | 7 | 8 | 9 | 10 | 11 | 12 | ||||
13 | 14 | 15 | 16 | 17 | 18 | 19 | ||||
20 | 21 | 22 | 23 | 24 | 25 | 26 | ||||
27 | 28 | 29 | 30 | 31 | ||||||
|