Hier matin, il s’est détaché de sa chaîne en or, alors que je passais ma robe par dessus ma tête pour prendre une douche.
Il a du s’accrocher à elle et la bellière a cédé.
J’ai entendu un bruit sur le carrelage, et j’ai vu le cœur qui venait de tomber, je l’ai ramassé et l’ai posé sur le plan de travail, l’anneau était rompu en effet.
Le voici pour sa dernière photo, posé sur le bouquin en cours et veillé par Titi, l'un des deux chats de ma fille.
Je ne pensais pas que ça arriverait encore, l’artisan bijoutier qui me l’avait réparé au printemps 2011 m’avait assuré qu’il était désormais solide – aussi solide que notre amour –
C’était tout ce que j’avais besoin d’entendre. Ce cœur, je l’avais porté un temps au début du siècle, je le tenais de ma grand tante, veuve sans enfants, et au moment des obsèques en 1999,
j’étais en bonne place pour me l’octroyer (sa seule nièce) ainsi qu’un adorable vase Art Nouveau en pâte de verre, ornementé de lys rouges. (cadeau de mariage de sa mère, en 1894 !) Hélas
pour moi, il n’est pas signé Gallé !
Son mari lui avait offert ce bijou dans les années trente, au début de leur mariage, au départ il s’ouvrait sur un double médaillon porteur de leur photo respective, et je n’ai jamais vu ma grand
tante sans ce cœur autour du cou.
J’adore sa rondeur, sa couleur d’or foncé (en fait ce n’est pas de l’or pur m’ont dit les bijoutiers qui renonçaient à le réparer, trop difficile de ressouder un tel alliage ancien !)
J’adore les liserons en relief qui courent sur la surface polie, et sa belle taille, on le remarque, et je suis fière de ce bijou de famille. C’est le seul que j’ai jamais porté, les bagues
en diamants, la montre en or de ma tante, le demi sautoir en or dorment au fond d’un tiroir de ma salle de bains.
Il a commencé par s’ouvrir en deux, alors je l’ai recollé moi même mais j’ai renoncé à le porter, je préférais le collier en or ciselé, autre bijou de famille dont avait hérité ma sœur et qui
m’était revenu à sa mort.
Au tout début de ma liaison avec T, je venais de le remettre à l’honneur, la chose est facilement reconnaissable sur les premières photos, et je ne l’ai jamais quitté pendant tout ce temps,
dormant, vivant, et baisant avec ! Il est sur toutes mes photos, des plus innocentes aux plus trash !
C’est en septembre 2010 qu’il est tombé pour la première fois, au lendemain de la première rupture, la plus folle et la plus inique, alors qu’on était en plein bonheur et qu’il venait de
m’offrir une bague (en vrai or celle là) ornée de petits brillants.
J’ai compris cela comme un signe, mon cœur était brisé, le vrai - et celui la .. mais j’étais dans l’optique d ‘une reconquête, bien sur, et j’ai remué ciel et terre afin de le faire
réparer ! j’étais persuadée qu’il me portait chance et que le vent tournerait si je le récupérais !
Comme je l’ai dit, j’ai essuyé bien des refus dans les bijouteries que j’ai visitées, ça a mis du temps, surtout qu’à cette époque je voyageais beaucoup. Avant même de trouver le bon artisan,
j’avais renoué avec T un beau jour de décembre.
Donc l’urgence était moins grande et c’est seulement en avril 2011, soit six ou sept mois plus tard, qu’enfin j’ai trouvé le bijoutier de la situation !
Je l’ai étrenné avec T en mai, il est sur la fameuse photo dite de l’ Olympia, et il ne me quittera plus jusqu’à ce matin.
C’est drôle, il y a quelques jours je lui parlais à ce cœur, je lui reprochais de m’avoir laissée tomber, de n’avoir pas su me protéger, m’aider à garder mon amour, oui, je lui en ai voulu.
Et voilà, il m’a répondu à sa façon, en tombant à mes pieds ce matin. Symboliquement
Oui, les objets ont une âme !
Je ne pense pas que je vais le faire réparer une nouvelle fois, tout est irréparable, je le ressens au plus profond de moi même, ce sera inutile, car je ne fais plus partie du monde des
vivants.
"Sans amour, on n’est rien du tout" disait Mademoiselle Chanel !
Comme trivago, comme la Salette, il me lâche en même temps que toi. Logique, le processus de perte, la spirale d’échec, s’étend à tout le reste de ce qui fut ma vie, et quand il n'en
restera plus rien de ma vie d’avant, .. qu’adviendra t il de moi ?
A la place et en attendant la fin du monde, je porterai le mince collier en cuir clouté (assez discret), celui que j’avais à New York et qu’il avait remarqué sur les photos du Top on the
Rock.
Ce collier symbolisera mon attachement toujours si fort, et ma première étrange condition de « soumise » qui a bien vite été remplacée par celle de « maitresse », puis
de« boulet », MDR!
(il ne m’a jamais traitée ouvertement de boulet, mais il le pense très fort !) Evolution suspecte et déconcertante de ta sexualité éperdue, puis perdue.
ce collier porte l’empreinte de l’énergie et du bonheur trouvés à NY, et si je l’ai quitté, c’est qu’il n’allait pas avec le cœur.
C'est visible sur cet autoportrait pris au skybar du Top on the Rock, à Manhattan, NYC. ce qui est visible aussi c'est le bonheur sans nuage, tout comme le ciel, qui m'était donné chaque jour, alors, six jours de bonheur avant le grand chambardement, l'orage qui dure, c'est toujours bon à prendre.
.. Dès lundi quand je rentre chez moi, je le porte.
L’aimais tu ce cœur en or ? me voyais tu avec dans tes rêves ? faisait il partie de moi, tout comme ta montre bleue quand tu la portais encore ? Je te pose en vain ces questions
car je sais maintenant que tu ne me lis meme plus.
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