Ce mois de juin marque un nouveau tournant, très important pour la suite.
Ces retrouvailles inespérées, mais qui quelque part, devaient répondre à nos attentes, n'eurent cependant pas un effet immédiat.
Après le texto du lendemain, pas de prise de nouvelles .. ou très brèves si je me souviens bien. Se parler sur msn restait interdit pour l'instant, mais ce fut lui qui brisa le silence le
premier, une bonne semaine plus tard.
Je m'amusais un peu sur internet, il fallait que je me change les idées, que je me donne le change, car je perdais confiance à nouveau, rien n'avançait vraiment. Je bavardais avec
d'autres doms, me confiais à eux ..
Bien plus tard, j'en ai déja parlé, j'appris que lui de son côté mettait au point une nouvelle séance avec E., qu'il n'avait pas revue depuis le 14 avril. Une séance à quatre, où A.
devait jouer le role de la domina, E. celui de la parfaite soumise, et les deux hommes devaient juste regarder. Bizarre comme L. épargne à son "petit objet" tout contact sexuel avec Roland :
serait il jaloux d'elle ? Surtout la trouverait il trop jeune pour les autres, et assez mure pour lui ?
Comme toujours, toute son énergie devait se concentrer sur cette ultime séance : perfectionniste à l'extrême,T. prend soin de prévoir le moindre détail, allant jusqu'à écrire le scénario et même
les dialogues sur des feuilles de papier qu'il garde à portée de regard!
Toutefois, et on s'en rendra compte pour les deux prochaines séances qu'il organisera, l'une pour elle, l'autre pour moi, qu'il a négligé l'essentiel, que l'arbre lui cachait la forêt : avant
tout il pense à ses propres fantasmes, sans se soucier suffisammment de savoir s'ils colleront à notre réalité. Et parfois elle en est si loin!
Par chance, ce fut E. qui "passa" en premier, le 25 juin. Et rata son nouvel examen de passage. J'en parlerai plus tard, quand je serais censée etre au courant.
Enfin de ce que j'en sais, de ce que j'en ai compris à demi mot .. L'essentiel étant que cette séance la fut la dernière pour cette demoiselle, friande pourtant de continuer, mais trop passive et
respectueuse du "Maître" pour insister.
Pas découragé, c'est avec moi ensuite, qu'il décida de faire une séance à trois, dans
l'espoir de la réussir cette fois. Ou de me faire aussi, dans un souci d'équité, rater la marche! Qui sait ? lui seul, et encore ..
En juillet, il parla de nous revoir, et qu'il me réservait "une surprise", et que cette fois, contrairement au mois dernier, ce serait "pour son plaisir" (comme s'il n'avait pris aucun
plaisir à notre rencontre éclair de juin!!), donc je me doutais de quelque chose, il avait récemment rencontré un participant au forum qui habitait sa ville .. mais j'étais prête à
tout pour le revoir et conforter ma reconquête, je me sentais invincible, ce bel été m'y aidait, où tout semblait me sourire.
C'est donc le coeur léger et insouciant que je réservais mon hôtel, le même qu'en février, et le train qui allait avec. Cette fois je devais rester deux jours, on devait faire deux séances au
donjon, un soir et une après midi, l'une "surprise", et l'autre "vanille".
Mercredi 22 juillet 2009 –
Une
dernière dispute le dimanche précédent a failli faire échouer notre rendez vous, incroyablement rapproché du précédent.
Il joue les mystérieux, me demande si je viens ou non, c’est important pour
« la surprise » qu’il me réserve .. Je commence à soupçonner qu’il pourrait s’agir d’un être humain, cette surprise, mais ça m’étonne quand
même : depuis un mois et demi, la mode est au vanille, on s’est enfin retrouvés, et si bien, après les affres du printemps, et je ne pense pas
que ses projets libidineux « à plusieurs » soient d’actualité.
Je coupe court à la polémique en lui envoyant un mail tout gentil, « oui je comprends, à mercredi, bisous » qui le désarme
illico.
Je me demande ce qu’il aurait fait si j’avais campé sur « ses »
positions, un jour ou l’autre, il faudra que je fasse l’essai, pour voir ..
On ne devait se voir qu’en début de soirée, 21 h15, j’ai passé la journée dans
les TER, 5 heures de voyage en tout, installation à l’hôtel, proche de la gare et dans le centre ville, celui dont les fenêtres donnent sur l’Opéra.
Je m’habille avec élégance pour l’occasion : jupe en mousseline noire à pois
rouge, tee shirt noir moulant et décolleté, talons hauts. Vu la saison, les bas top sont restés dans mon grand sac rouge.
Il m’attend au coin de la rue. La nuit commence à tomber et j’en suis bien aise, le donjon, ainsi, sera plongé dans la pénombre et nos retrouvailles n’en seront que plus romantiques. Son attitude
assez neutre, mais un peu nerveuse, aurait du me mettre la puce à l’oreille, il a bien l’air d’un qui prépare un mauvais
coup !
Je commence à me repérer dans les abords de cette banlieue déjà endormie, mais
brillamment éclairée par de hauts lampadaires orangés. C’est à cause d’eux, m’expliques tu, que les cigales, trompées par la lumière, continue de chanter si fort .. Ce soir, elles ne seront pas
les seules à être trompées ..
Pour l’instant, j’ai le cœur léger, et pas de culotte sous ma jupe
également légère .. il ne vérifie pas, je vous dis qu’il est nerveux ..
On pénètre dans le bâtiment cerné d’herbes folles et de voitures en réparations. Les occupants de l’appartement sont en vacances, seul reste un cochon d’Inde, le pauvre, enfermé dans sa cage ..
Est ce toi qui vient le nourrir ? je ne poserai pas la question, c’est le genre de question qu’il n’aime surement pas !
Nous montons directement dans la salle haute, et à peine en a t il ouvert la porte, à peine ai je eu le temps de passer mes bas, qu’il m’installe aussitôt, à genoux près de l’anneau du sol, me passe le collier métallique
sans préambule et le relie à l’anneau avec une grosse chaîne et un mousqueton. Il ajoute à l’ensemble la chaîne des menottes qu’il me fixe rapidement
aux poignets .. Cette hâte inhabituelle m’étonne, normalement, c’est à la fin de la séance qu’il aurait du m’attacher là, et pourquoi pose t’il les clés des cadenas à portée de ma main
droite ? « si tu te sens mal, tu pourras te détacher » me dit il, « moi, je vais chercher la surprise »
Le salaud ne me laisse pas le temps de répliquer et disparaît déjà dans
l’escalier ..
C’était donc ça ? Me voici prise au piège comme une idiote dans cette
humiliante position, et il sait bien que je ne me détacherai pas, tout comme je ne prononcerai jamais le safe word ..
Il m’a laissée sans état d ‘âme avec mes interrogations : qui est ce ?
un homme ? une fille ? Îl y a quelques jours, celui que nous appelons »l’ingénieur » m’a transmis un mail de toi, tu avais repris contact avec lui après avoir décliné ses
offres aux printemps.
Je suis en colère, mais incapable de réagir. Il est donc capable de feindre l’innocence, de me mentir « oui nous serons seuls », tout en laissant
planer un léger doute, que j’estimais à 5 % ..
Nos sensuelles retrouvailles du mois dernier ne te suffisent donc
pas ?
Les minutes passent et j’ai toujours le nez sur la moquette rouge déjà un peu
défraîchie .. Heureusement, les lumières, rouges aussi, sont tamisées et je me sens résignée, peut être un peu curieuse, mais je trouve qu’il
exagère.
J’entends des pas, des voix, on monte l’escalier, mon hypothèse ingénieur était
la bonne, même si j’ai les yeux bandés par le masque en cuir noir, je le sais.
Il fait d’étranges et rapides présentations, vu ma position : « Violette, ma soumise « sans prendre le temps de m’expliquer ce que je dois faire, ne pas faire
.. par contre, l’autre a l’air de savoir qu’il doit faire, lui, car aussitôt il relève lui même ma
jupe, je frémis, tu me rassures en m’indiquant par de petits claquements de langue que je dois me tenir à carreaux, oh, j’aime pas ça !
Surtout que l’autre se permet de me toucher maintenant, avec ses gros doigts
qu’il m’enfonce dans la chatte et même dans le cul, et ça, même toi tu ne le fais pas, alors je me laisse tomber habilement sur le coté, me dérobant à ces honteuses caresses.
Plusieurs fois tu me fais relever, il recommence, et je me dérobe à nouveau. Rien à faire !
Puis tu me détaches et je me met debout, j’aperçois à travers le masque la haute
et lourde silhouette de l’autre, ses lunettes, ses cheveux frisés .. Ma volonté est comme annihilée, je pourrais à ce moment la réagir et me fâcher, mais non, je me laisse diriger vers
l’imposante croix de Saint André, après tout elle m’a assez fait envie cette croix !
Ils sont deux à me déshabiller, la jupe, le tee shirt, à relever ma guêpière au
dessus des seins (au lieu de carrément l’enlever) et pendant que tu m’attaches la cheville gauche je te souffle que tu exagères, que je t’ en veux,
et tu me regardes avec ce sourire diabolique, déniant mes paroles avec cette voix caressante et irrésistible. Et ça marche ..
Ils parlent mais je ne sais plus de quoi, sans doute pure technique, car non
content de m’attacher aux quatre membres avec des bracelets de cuir souple, mon maître entreprend un savant bondage qui commence à mes avant bras et se termine aux chevilles, passant autour de
mon ventre, entre mes jambes, il me semble que ça va très vite, c’est de la belle ouvrage .. Pendant que tu enroule tes cordes et fais tes nœuds,
l’autre essaie de me mettre sa langue dans la bouche, c’est dégoûtant, me tortille le bout des seins, me demande d’une voix monocorde et caverneuse « dis encore .. dis encore » .. non mais ho, encore quoi ?
Ils me caressent et je ne mouille pas, mais alors pas du tout, ce qui est exceptionnel .. Même si toi tu déploies toute ta science, rien à faire,
c’est le blocage intégral et je sens que ça t’énerve et te perturbe ..
Dérange tes plans aussi, car je reste sur cette croix un temps infini, apparemment tu ne sais plus comment mener la suite, désemparé par mon manque d’excitation .. Non mais qu’est ce que tu
croyais ? On est loin de l’ambiance un peu folle du club échangiste de l’autre fois, même si je crois, tu as mis de la musique .. Il s’agit la non pas de jouer, mais de prêter sa soumise, et
tu aurais du, normalement, verbaliser le fait.
Ce dom la, je ne connais pas sa méthode, toi non plus d’ailleurs, et elle m’a
hérissée tout de suite, mais si tu avais seulement dit « obéis lui comme à moi », ça aurait pu marcher peut être. Tu aurais délégué « officiellement » tes pouvoirs, dans le
cadre du jeu.
Je suis en colère à cause de ça, ce manque de précaution, de mise au point, je
pense à ces trois ou quatre photos où tu prends le temps de briefer A., la soumise de ton
ami, avant la séance, tu lui parles à l’oreille, lui explique des choses, et elle sourit sous son bandeau, rassurée, aguichée sûrement ..
Moi, tu m’as seulement attachée à l’anneau et mise devant le fait accompli. Ma
sécheresse sans doute, te le fait payer, puisque aucune protestation ne peut franchir mes lèvres.
Alors la séance continue, l’autre me fouette avec le martinet en plastique, je
crois que je préférais encore celui de X. , plus réaliste et stimulant .. je lutte contre les exigences de l’autre, défiant sans le vouloir les noirs
desseins de toi, mais quand il commence à me frapper sur les seins aussi, je t’appelle quand même au secours ..
Ça dure un temps infini .. limite je m'ennuie et je suis toujours aussi
sèche, et des picotements désagréables s’emparent de mes bras relevés et serrés par les cordes. Tu prends des photos, la pose est belle,
mais j’y aurai l’air crispé, car je suis très nerveuse, et en même temps je m’en veux d’être aussi peu réceptive, de gâcher tout le mal que tu t’es
donné pour moi en fait, c’est un retournement abusif de situation ça ! Une culpabilité vraiment injustifiée !!
Oui, ça dure, et j’endure, je me sens toute bizarre et cette fois je te le dis,
simplement que la position des bras en l’air je ne pourrai pas la supporter plus longtemps .. tu t’avances pour me détacher, j ‘ai des sueurs froides, et d’un seul coup, sans
prévenir, .. je plonge dans un trou noir !
Je reprends conscience et je suis allongée par terre, je mets deux secondes à te
reconnaître, penché sur moi et m’appelant d’une voix forte, je n’ai même pas senti les tapes que tu m’as données avant .. voilà, je me suis évanouie,
pour la seconde fois de ma vie !
Une fois que j’ai compris ça, tout s’éclaire, me voilà libre, ce soir je ne serai
pas baisée par ce type, ni par toi d’ailleurs, ma première réaction c’est que tu ne l’as pas volé, avant de m’inquiéter de cette réaction extrême, et de culpabiliser en plus.
Mes deux sauveteurs se montrent beaux joueurs et charmants, empressés, valorisant
l’un et l’autre leurs compétences médicales, me racontant comment tout s’était passé et trinquant avec
moi cet excellent Muscat dont la réserve me semble inépuisable .. je joue les Marguerite Gautier, encore un peu faiblarde, ayant trouvé cependant l’énergie suffisante pour me rhabiller au plus
vite !
Je leur raconte la dernière fois que je me suis évanouie : j’avais 21 ans,
une bonne sinusite et je me soignais chez mes parents pendant les vacances de Noël, ayant déserté ma chambre d’étudiante. J’étais tombée dans le couloir (et la personne ni cordes pour me
retenir !) comme une masse ..
La suite, je m’en suis souvenue un peu plus
tard, donc je ne leur ai pas raconté :
Quelques jours après, à la rentrée, j’avais revu mon amoureux d’alors. Et c’est
là que, après 18 mois de liaison, je l’ai retrouvé totalement transformé, s’étant pris pendant cette séparation d’une passion subite – et durable - pour
moi !
C’est à se demander si le fait de s’évanouir
ne libère pas certaines énergies amoureuses ..
Le lendemain .. heureusement,
j’avais tellement peur de ça, que tu n’oses plus me toucher, tu m’as rassurée plusieurs fois par texto, et puis, tu m’as fait l ‘amour, tu m’as attachée, mise aux fers, et même sodomisée à même le sol, arrimée à l’anneau, tu ne m’as pas ménagée, toujours dans la douceur pourtant, et
ça j’ai vraiment adoré et je te l’ai prouvé.
C’est là que tout a changé, en fait.