J’aurais pu appeler ce chapitre « le chant du cygne » cette dangereuse
expression évoquée pendant une de ces furtives discussions qui nous rapprochent et nous éloignent, au fil de ce séjour prévu depuis deux ans, raté
l’année dernière, et relancé cette année devant les promesses du printemps, par moi, espérant actionner enfin la touche « reset » .. puisque les feux étaient au vert, croyais
je.
Et il avait été tout content de cette idée, sans réticence aucune, au point
de titrer sa présentation msn par un imprudent «Oh ouiiii vivement septembre !! »
Nous fumes quatre fois au donjon, quatre mardis. Le premier le jour même de mon arrivée « sur les chapeaux de roues » (une
expression à lui pour désigner a posteriori le départ fulgurant de notre histoire d’amour, mais ce mardi 30 août elle est prise au sens
propre !) et le dernier le 20 septembre, le plus dangereux, le plus borderline, entre rupture et continuité, et ces quatre séances je vais les évoquer en commençant par le dernier.
Saison XIX – semaine 3
Si l’ambiance avait été moins sombre et lourde, j’aurais pu l’appeler « le dong » ou même « dingue
dong » !
La semaine dernière (déjà un flash back) ayant été sereine et sensuelle, il m’avait demandé d’apporter cet objet.
Mais là, et pourtant il est en avance et déjà entré au donjon, je vois tout de suite que son humeur n’est pas à la bagatelle. Il évite
de se serrer contre moi comme d’habitude, tout fier de me prouver qu’il bande et c’est vrai que ça me fait plaisir - et sérieux dans le propos. Alors que rien ne le laissais craindre, et
j’avais bien assumé mon week end solitaire de « maîtresse » fait une foule de choses, ne le culpabilisant en rien !
Nous montons, je pose mes sacs sur un fauteuil voisin, comme un invité, et il nous sert un verre de son muscat entamé la semaine
dernière.
Devant son air absent et poli, que je déteste, je craque, alors que je me suis tenue à carreaux pendant les trois semaines écoulées,
sans violence non, il y a longtemps qu’il a tué la violence en moi et je le regrette parfois, ça lui plaisait et l’excitait j’en suis sure c’est sûrement ce qui a fait la différence avec une
banale aventure
– Je commence à évoquer « la fin » prenant acte de sa froideur, et lui de renchérir que oui, depuis un an les choses
sont ainsi, et que oui, il veut me faire plaisir, et pour le coté sexuel, maintenant au même titre que sa femme, il endosse le rôle de la victime de
nos appétits femelles trop féroces pour sa pauvre libido, et ne me laisse aucun espoir, et toutes mes évocations de l’avant septembre 2010 restent lettre morte, puisque c’est fini, la touche
reset ne fonctionne pas, il attend juste que je sois prête à larguer les amarres, alors que lui, il est prêt depuis longtemps. Depuis un an il a
renoncé à tout péché de libertinage, lui que ça rendait fou, et je trouve très injuste que cela tombe sur moi, justement, comme si je l’avais dégoûté
de ces pratiques partagées avec lui, par amour, par curiosité, par soumission ?
Il me dit que non, c’est comme ça, il a changé c’est tout.
Voilà, c’est dit. En un an, je n’ai eu que de fugaces victoires, nos retrouvailles de décembre, et au printemps par exemple, qui m’a précipitée dans ce piège.
Le niveau du Muscat baisse dans mon verre,
nerveuse, je me ressers plusieurs fois, je lui fais remarquer que s’il me perd, il n’aura plus rien, plus rien que sa femme demandeuse éternelle de ses deux rapports hebdomadaires, plus de donjon
(pourquoi le garder ?) rien que de la routine, un travail qui le stresse, des plaisirs de bobo, et aucune femme à séduire,
maintenant je veux bien le croire : le libertin est devenu moine !
Je sens que pour l’après midi au donjon, c’est foutu, et tant mieux dans ces
conditions ! mais il me détrompe encore ! soudain sans rien dire, le salaud se lève, va fouiller dans mes affaires, ramène presque
humblement, mes chaussures baroques à talon et mes bas couleur chair, et toujours humblement, il entreprend de me les passer, en se trompant de coté, me regarde en silence avec ses grands yeux
bleus, puis lentement, toujours, il me retire ma culotte, et je me laisse faire, il me lèche, délicieusement, et moi la tête à la renverse sur le
canapé, je fume ma dernière Fency panthère du Montenegro, comme une pute dans un bordel, je laisse tomber les cendres sur la moquette en sisal, derrière le canapé, fataliste.
mais au fond, je sais que c’est encore de l’amour, pour lui : ne pas démériter, me faire plaisir, m’honorer, et je ne
sais pas trop comment je dois le prendre, et je n’ai pas envie de résister alors, oui, je décide que
c’est encore de l’amour, je le laisse faire, puis on passe dans l’autre pièce, on fait l’amour sur le
canapé.
l’atelier du plaisir n’est pas favorisé par ce qu’on s’est dit, par notre avenir blessé, néantifié, et pourtant toujours, il me dira
qu’on se reverra, tant que je ne suis pas prête, et il croit que je ne le suis pas … ne pas le détromper, et dans un sens je ne le suis pas, il a
raison comme toujours, je retiens juste mes larmes cette fois, mais tout juste …
Je vais sur la table il me sodomise après m’avoir baisée, avant encore il s’est servi
du dong, puis d’un plug annelé, puis avec lui je jouis presque pendant la sodomie, je sens ma cyprine
qui jaillit comme une fontaine, librement, oui je suis une salope de jouir comme ça, il me dit, oui, mais baise moi, baise moi encore et encore… chaque seconde je la savoure, je regarde nos
sexes qui se rejoignent et se défient, son visage de ces moments là que je connais bien, un peu narquois, un peu vainqueur, je serre mes cuisses et
les frotte contre son corps, je veux te communiquer mon énergie, prendre la tienne, comme c’est dommage que tu ne m’aimes plus !
Je saisis au passage ta queue dans ma main menottée à la table d’infamie, ou dans ma
bouche, j’en ai tant besoin, il faut que je me l’approprie encore et encore ce soir qui sait, pour la dernière fois ? …
Après avoir joui, tu te penches sur moi et tu m’embrasses le ventre.
Tu me proposeras ensuite de se revoir avant mon départ, vendredi, une fois encore oui, tout n’est pas perdu mon cœur, je te
l’arracherai, ce baiser sous le porche du port, près de la Lampa, puis je me ferai désirer, silence radio, sport à outrance, m’occuper furieusement, partager ma peine, mon espoir, car c’est vrai,
je crois bien qu’il veut me revoir .. au pire pour me faire plaisir.
Ce que tu ne veux plus, c’est le
libertinage, et le grand amour, les contraintes de mails ou msn, tu me dis vouloir garder ton mail ouvert, aller le voir pour moi, me revoir aussi,
et même ici au donjon, alors que tu n’as plus rien à y faire !
Ce dont je ne veux pas, c’est ce qui tu es devenu, sans volonté, sans désir, juste le souci de ne pas faire de vagues, de ne pas me
faire souffrir aussi, parce que tu es « en empathie » avec moi et aussi, par étonnement et admiration pour l’amour que j’ai pour toi. Et que je ne t’ai fait aucun mal (tu oublies le
chantage de novembre ?)
Je ne veux pas non plus :
Te contraindre comme ton épouse qui devient acariâtre dès que tu la prives de sexe ( !)
Te transformer en ce serviteur sexuel, alors que j’étais l’objet du désir, et ne pas t’en vouloir d’avoir changé est ce ta faute si tu
ne tiens pas la distance et fais des caprices d’enfant gâté ? Je l’ai su, depuis le début, mais ne pas t’en mépriser, tu as essayé, tu as lutté, j’en ai payé le prix en acceptant la fange qui nous avait conduits au ciel, et je paye maintenant le prix de ton abandon cruel et
injuste.
L’après midi s’achève, il est presque 19 heures, on a cette fois plus parlé que fait l’amour, mais ce n’est pas grave, je te revois
vendredi .. jusqu’au bout, tu prendras soin de moi, à la façon que tu peux, ou que tu veux …zut, j’ai oublié de te demander le mail du lendemain, et je ne l’aurai pas bien sur. Il faut
toujours répéter la leçon .. serais tu stupide à ce point ?
Chose curieuse, je n’aurai pas de dernier regard éperdu sur le donjon et ses annexes, comme je l’ai parfois, quand je ne suis pas si
sure de revenir, et pourtant cette fois, c’est la bonne, je le crains bien, je suis dans le déni, mais j’ai bien fait de ne pas m’apitoyer, cet endroit, je l’ai dans mon souvenir, il
m’appartient.
Saison XVIII, semaine 2
Et pourtant, la semaine d’avant ! tout fut différent, et grâce à toi j’ai encore plus profité de mon séjour ici, avec ou sans
toi, la vie et le temps étaient beaux, je touchais au but, tout irait bien maintenant, après ce mardi 13 qui nous avait porté bonheur, sans raison, par les hasards de son métabolisme.
Curieusement un an jour pour jour après la « mortelle randonnée » ici racontée !
Il y eut la journée à Porquerolles, le lendemain, les kilomètres parcourus sans fatigue, avec les douces sensations de ces contusions
amoureuses en haut de mes aines, puis le jeudi la plage privée que tu avais pris la peine de m’indiquer au lendemain de notre bel après midi, comment
ne pas t’obéir et y aller ? et nager sans fin dans ce lagon aux eaux bleues cernées de pins, puis une heure sage avec toi vendredi, le café et les bavardages partagés, et encore un mail le
soir sans l’avoir demandé, puis les journées du patrimoine dans ta belle ville, les découvertes en tout genre, la musique, les bateaux, le bonheur
Oui tout ça parce que ce mardi là, tu avais eu envie de moi tout de suite, tu souriais, et tu m’as entraînée dans un festival de jeux
aussi excitants les uns que les autres, la cage, la cagoule, les caresses audacieuses auxquelles je me prête sans limite et me font me répandre à ma grande honte, sur la moquette de la cage, et tu me le fais sadiquement remarquer ! - les menottes, les fers, et la table
surtout, où tu me sangles avec une ceinture, obsédé par l’idée que je puisse bouger, alors que j’y suis déjà arrimée aux quatre membres.
Tu me possèdes avec violence, puis douceur, tu me supplies de tout lâcher, de tout te donner, j’y suis presque, dans les mêmes
conditions que le jour des mimosas 2010, alors il le faut, sauf que là tu ne m’as offert ni mimosas ni argent ni je t’aime pendant l’amour la veille et que tu es comme un épée de Damoclès au
dessus de moi, je jouis sans jouir, c’est atroce et merveilleux, je voudrais me laisser prendre par surprise comme cette fois là ..
Puis on retourne sur le canapé, je vacille sur mes hauts talons, les joues en feu, on cause un peu, moi mes jambes sur les tiennes, et
dessous je tiens ta queue qui pendant la pause s’est un peu ramollie, et puis comme on ne parle pas de choses qui font peine et peur, je te sens revenir, durcir à outrance comme rarement, tu es
énorme, j’adore ça, comment pourrais tu te refuser ?
Tu me prends en levrette sur le lit, à volonté tu jouis à volonté en quelques coups, comment croire en tes problèmes quand je vois
ça ! cela fait presque trois heures qu’on fait l’amour .. une fois dans le salon qui jouxte le donjon, tu me serres longuement contre toi, comme si tu m’aimais, comme si, oui .. on boit
encore mais du thé glacé, ce soir je partirai heureuse sans ramener mes questions éternelles, sans chercher à te retenir encore une minute, deux, trois minutes ! et je garderai mon visage de
femme aimée, à tort ou à raison.
Cette semaine là, oui je la retiens comme une belle semaine, elle a sauvé la mise, il aurait fallu qu’elle soit arrivée en dernier !..
C’était donc la troisième et avant dernière saison du donjon. Jamais il n’y eut telle rafale ! il nous est arrivé meme de rester
quatre mois sans y retourner ..
L’alternance jouant, la seconde fois fut périlleuse, presque autant que la dernière, mais ne resta pas sans effet non
plus !
Saison XVII semaine 1
Et pourtant le désir spontané n’était pas au rendez vous, encore un mauvais signe à l’orée de cette seconde semaine de vacances …
j’ai du mal à me souvenir du petit prodige qui a fini par me faire revêtir mes habits de lumière, en l’occurrence sandales panthère un peu mastoc avec bas noirs, un étroit tee shirt noir .. Je me
suis retrouvée sur la croix, attachée le bas du corps dénudé totalement, ce qui est exceptionnel, c’était surtout l’Ingénieur qui aimait cela ..
Ton envie est venue à me voir ainsi, et surtout à jouer avec le gros rabbit rouge que j’avais du amener, m’amenant facilement à la
jouissance clitoridienne, toi à mes pieds activant la machine à plaisir et moi subissant ce doux supplice.. puis amour endiablé sur le lit où tu m’attaches avec un large jeu de chaînes cette
fois, qui me permettent de me déplacer, me retourner et même me lever ..
Cette fois là, même ayant retrouvé désir et vigueur, tu vas m’avouer que le partenaire qu’on devait rencontrer n’existe que dans ton
imagination, et pourtant la fois tu me l’avais décrit avec un luxe de détails, et même prétendu l’avoir rencontré ! j’avoue à ma grande honte que je t’avais presque cru, et que j’avais été
contente de te croire repris par les démons du libertinage ! C’était du bluff, tout ça, oui, induit par ton séjour réel à Bluff, Utah, USA !
Du coup, déçue et soulagée à la fois, je laisse mon spleen s’exprimer quand on quitte les lieux, une fois dehors « le ver est
dans le fruit » as tu commenté, oui, tu as corrompu notre belle histoire en ne voulant plus être amoureux de moi, car je suis certaine que tu contrôles tout, oui, même ça .. et je t’en
veux.
Saison XVI, semaine 0
On en arrive à la saison XVI, « sur les chapeaux de roue » donc, car un contretemps m’avait obligée à partir le matin même
au lieu de la veille au soir, j’ai donc démarré de chez moi à huit heures du matin, la voiture pleine, pour arriver au studio vers midi et demie, m’installer rapidement, me préparer longuement,
et le rejoindre au donjon en début d’après midi, sans me tromper de route cette fois.
On ne s’est pas vus depuis le 15 juin, en ce printemps très chaud à tous points de vue, où il m’avait semblé que .. mais elle est loin
la confiance totale que j’ ai eu en nous l’espace de quelques mois, il l’a détruite il y a un an et j’en souffre, la preuve, j’ai un trac fou, je suis stressée, ma voix tremble et je veux
tout dire à la fois !
Il est curieux de voir mes nouvelles chaussures, des fines sandales italiennes à talon aiguilles, tendues d’un tissus baroque rose thé
et noir. Je les ai chipées à ma fille.
Puis très vite, en raison de ces deux mois et demi d’abstinence, je surmonte mon
trac et je le fais entrer dans la danse, même s’il m’attache, au mur, puis au lit, je me jette sur lui, le dévore passionnément et dans ma folie, je
vais jusqu’à exiger qu’il me sodomise, certaine qu’il hésitera, et puis non, il le fait ! il me dit je te désire, et me le prouve, on continue
autrement, mon ventre tressaute sous ses coups de boutoir et j’ai un peu honte, mais en fait, non …et à la fin, il y a une hésitation : normalement je devais le priver de
jouissance pour qu’il ne soit pas d’humeur noire ensuite, comme souvent ! il avait accepté le
principe, tout heureux de s’économiser, mais là, au moment crucial, impossible, il se lance et je laisse faire, bien sur, je crois que j’aurais été
aussi frustrée que lui s’il était parti sans avoir pris son plaisir, sans s’être « donné à moi » comme il dit.
Je partirai heureuse que le séjour aie si bien commencé mais cela se gâtera vite, car le lendemain, pas de mails, pas de texto, ni le
surlendemain ! quel salaud : il sait combien j’y tiens, avant il trouvait le temps et maintenant plus jamais, ou sur demande expresse de ma
part comme la semaine 2, Je me sens donc abandonnée, et si triste, déjà désenchantée, s’il comprenait seulement cette chose si simple !
Du coup, quand il vient chez moi le vendredi prendre le café, c’est avec une secrète
réticence que j’accepte de faire l’amour, et je crois bien que c’est la première fois que le cas se présente !
Horrifiée de ma propre réaction, je songe à tout arrêter là, je me suis trompée en
insistant pour le garder, il me le fait payer trop cher, je lui prépare un mail, du genre « mon coeur, je ne viendrai pas mardi, mais je reste ici profiter de la mer, je ne veux pas vivre
ça » » mais je ne l’enverrai pas, je laisserai s’accomplir notre destin éphémère, alors qu’on le croyait si fort !
Et je m’étourdis d’excursions, Marseille, sentier littoral, cinéma même, Mélancholia,
film revu pour le partager avec toi, peu a peu te savoir quand même proche de moi m’apaise, tu ne m’aimes plus mais moi, oui, et je ne me plaindrai pas, je supporterai frustration et
nostalgie, un soir de cafard je réserve même mon rituel voyage d'hiver à Lisbonne, avec ou plus certainement cette fois, sans toi ..
Saudade, ce mal qui vous fait du bien ..
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Et voilà, dans la confusion des sentiments, la confusion chronologique aussi, entre déni et sursis, s’achève cet été 2011, de
cette façon douce amère, demain je repars à Lyon, chez moi et pourtant pas une fois, comme souvent pendant un séjour anormalement long, je n’ai regretté ma maison ! Le temps fut comme suspendu, je l’ai laissé couler, j’ai été patiente, presque jusqu’à la fin. Le soleil et l’eau m’ont
aidée, et quelques mots de toi, et me sentir bien avec toi, même sans amour ..
Pourquoi n’avoir pas organisé ce séjour il y a deux ans, alors que c’est toi qui alors me l’avait demandé, pourquoi ? Tu
avais fantasmé sur les « siestes améliorées », les balades en forêt, et même les escapades en club libertin que l’on aurait pu
faire !
Au lieu de ça, tu avais préféré, en septembre 2009, alors que notre amour partait "sur les chapeaux de roue" solder ta relation
avec la petite Emilie, tout m’avouer, j’en avais fait un drame que tu as eu bien du mal à rattraper, mais entre temps le plus beau de l’automne était passé !..
Cependant, les quatre jours sublimissimes de début décembre 2009 restent un des plus beaux souvenirs de toi, et de ma vie .. Tout fut
dense, parfait, sans la moindre fausse note ! Aurait on tenu la distance plus de jours ?
En attendant, il restait deux jours avant mon départ, et tu m’avais proposé en nous séparant de se revoir vendredi en début d’après
midi, une heure en ville dans notre bar de prédilection, un bar sur le port, looké d’un rose bonbon des plus optimistes !
Cependant, la confirmation du rendez vous, j’ai du attendre deux heures avant pour l’avoir, soit deux jours entiers sans que tu ne
daignes lire mon mail, et encore moins m’en écrire un ou me faire des textos .. Tu n’as jamais été très textos mais tu l’as été davantage
..
J’ai songé sombrement à partir dès le matin, sans un mot et dignement, ou bien à me
pointer sur le lieu du rendez vous à tout hasard, heureusement j’avais passé la veille une journée inoubliable à Porquerolles, longue marche de 10 km et dernière baignade de l’année dans les eaux transparentes de la plage d’Argent.
Avec étonnement, et malgré les alarmes de ce séjour, je constate que je suis dans une
forme éblouissante, détendue et plus heureuse qu’à l’arrivée .. pourquoi ?
Je prépare mes bagages, et la délivrance n’arrive qu’à 12 h15, avec la confirmation – laconique- du rendez vous.
Je me sens tout de suite mieux, alors que je devrais lui en vouloir, pourquoi ?
En ce premier jour de l’automne, le temps est superbe sur le port, dans la ville, partout ! j’ai caché ma voiture pleine dans le
parking souterrain Lafayette, le premier que j’ai connu ici avec toi une après midi de juillet où tu y avais pris ma main, puis je suis allée t’attendre devant le café, assise sur un trottoir
ombragé, sans façons ..
Tu es arrivé, tu m’as souri, on s’est installés sur la terrasse, tu as commandé ton coca light habituel et moi un café, et cette heure, on l’a passée à discuter, tu as préféré me confier des presque secrets de famille que de parler « de nous »,
c’est sans doute mieux ainsi, tu t’es souvenu d’un chose que je t’avais dite plusieurs jours avant, et cela m’a fait plaisir, j’ai passé mon temps à te questionner, te répondre, et aussi à te
regarder, avec la crainte de ne plus te revoir. Je te trouve beau et classieux, je te le dis, j’adore flatter ta vanité ..mais je suis sincère, en
plus !
Et puis on s’est séparés, non pas sous la voûte de notre « baiser de l’hôtel de Ville » de décembre 2009, mais derrière le café, tu m’as embrassée tendrement, puis il me semble plus sensuellement, tu m’as dit d’être
prudente sur la route, j’ai fini par te dire qu’il manquait un truc, le fameux « on se reverra » .. et tu as répondu « en novembre, si tu veux »
Si tu veux ? les trois mots qui tuent et qu’il ne fallait pas dire!! je me jure que
non, ce ne sera pas si je veux, mais si toi, tu veux !!
Je m’arrache à toi, et je pars sous terre récupérer ma voiture, on ne m’a rien volé, c’est déjà ça ! et je conduis lentement en
regardant encore une fois de tous mes yeux cette ville que j’aime, et me voilà sur l’autoroute, mission accomplie, 25 jours entiers sans revenir chez moi, un record !
Un petit miracle conclura l’aventure : à l’aire de Sorgues où je m’arrête chaque fois, j’allume quand même mon portable. Et,
comme c’est incroyable, j’ai un long texto de toi ! « Merci d’être venue .on a passé de bons moments ensemble .. . sois prudente .. etc .. … en somme pas plus ni moins anodin que
les autres du genre, peut être de politesse, peut être pas ..
Je suis contente. Et même éperdue de reconnaissance, comme ranimée !.. pauvre gourde ! .. On verra. ..