Ce n’est pas la première fois que j’en repars sans avoir eu de signe de vie de T., alors que les jours d’avant, rien ne laissait prévoir que le contact serait brusquement coupé.
En 2010, c’était alors un contexte très différent : il « m’aimait » paraît il et me le prouvait par toutes ces attentions charmantes et ces mots adorables qui me manquent tant aujourd’hui et m’avaient rendue accro.
Et pourtant, les deux ou trois derniers jours de mon premier séjour ici, (2010) je n’avai eu aucun message de lui, et c’était d’autant plus grave qu’il partait dès le lundi pour 15 jours de vacances au ski en pouvant donc encore moins me contacter .. dans le dernier il me disait « souviens toi que je t’aime » et ça sonnait comme un adieu. du moins je l'avais compris comme ça!
Il n’avait même pas trouvé le truc pour me prévenir que sa garde était annulée et que je ne devais donc pas compter sur un autre message .. tant sa femme le terrorrise!
Je m’en suis posée des questions alors ! heureusement que le charme de Lisbonne adoucissait ma déception et mon angoisse de l’avoir perdu, qu’il soit mort, que sais je ?
J’ai toujours soupçonné qu’il ne s’agissait pas de garde annulée, mais d’un « tirage de rideau », d’une première vélléité de rompre pour dieu sait quelle raison, « quand je voudrai arrêter, je te dirai, je te dirai .. je te fuis mais je fuis tout le monde … « voilà ce qu’il m’écrivit retour du ski, toujours dans cette même humeur morose, nouvelle pour moi.
Et puis plusieurs jours plus tard « c’est trop tôt, je te garde ! » et demande de rencontres. Je n’avais pas beaucoup aimé non plus, mais bon .. L’air de dire qu’il n’en avait pas fini avec moi, étant alors en plein trip libertin et j’étais sa victime désignée. Pour Emily, il était "arrivé au bout de ses objectifs" et voila, mon tour était venu ?
C’était donnant donnant, une séance libertine à 5 au donjon, contre une visite personnelle et nocturne sur son lieu de travail. « pour couronner le tout » avait il ajouté, et cela sonnait déjà comme une menace .. ça voulait dire qu’ensuite ce serait fini. Et je ne me suis pas trompée, il a essayé, quelques mois plus tard !
Avec le recul, je contemple la façon dont il m’a manipulée tout en prétendant m’aimer ! je le savais, je le comprenais, mais sans pouvoir en tirer les conséquences et partir avant d’être jetée ^pour lui donner une bonne leçon.
J’aurais eu plus d’expérience, c’est cela que j’aurais fait.
Donc tout ça pour dire que le silence à Lisbonne, je connais déjà, et j’y ai eu droit une seconde fois, hier.
Mon nouveau séjour se passait bien et même très bien, avec toutes ces découvertes et un temps d’été juste pas trop chaud. Et aussi tous les matins et tous les soirs, une nouvelle cargaison de photos échangées, ainsi que quelques mots sur le chat de Docti, une certaine attention pour mes genoux pris (exprès) depuis un banc d’église .. etc ..
On était jeudi, avant hier, jour de permanence du soir et donc espoir de conversation, j’étais même rentrée plus vite pour ne pas la manquer, car j’en étais sure. Sotte que je suis, je ne connais pas encore sa perversité ?
J’étais prête ce soir, à l’inviter à visiter avec moi le nouveau MUCEM de Marseille à la fin du mois, sans arrière pensée sexuelle, pas pour l’instant du moins, juste se voir et discuter en vrai. Il n’avait d’ailleurs pas exclu la chose, en juillet.
Et je le sentais prêt aussi.
Seulement en rentrant .. je ne vois qu’un maigre message « ici il fait 30 degrés et 27 dans ma piscine », et aucune photo du Canada ! un message qui va tout changer, la goutte d'eau qui fait déborder le vase.
C’est du foutage de gueule pur et simple !
Furieuse je réponds du tac au tac « Putain c’est tout ce que tu trouves à me dire ? » certaine qu’il serait la comme tous les jeudis et qu’on pourrait crever l’abcès quitte à enfin se disputer, chose impossible à faire avec lui et son attitude de couleuvre.
J’ai failli ajouter que son esprit avait disparu avec sa libido, mais j’ai effacé !
Et ce soir, il restera lâchement caché. La veille il m’avait confié ses problèmes de « sciatique de l’épaule » peut être était il absent, malade ? Mais j’ai laissé quand même le message, je ne pouvais pas laisser passer ça. Oui, il se moquait carrément de moi.
Le lendemain, vendredi donc, j’ai une réponse tout aussi brève « non, sauf que je dors très mal et que mon dos me fait terriblement souffrir ».
Aussitôt, mon coté infirmière et maman reprend le dessus et me fait fondre .. je m’excuse, l’incite à se soigner et je met moi même quelques photos pour l’encourager. Au cas où il n'aie pas fait exprès ..
Bien pire, je lance mon invitation pour le MUCEM, en lui suggérant que Marseille serait notre première ville « vraiment » partagée, et que s’il ne peut pas le lundi (prisonnier de la cage dorée !) le mardi on pourrait se voir l’après midi comme d’habitude .. j’ajoute bien sur que je n’ai aucune vélléité sexuelle, merci bien, j’ai eu mon "non compte" ! et hop j’envoie juste avant de partir, en demandant sa réponse pour ce soir.
C’est mon dernier jour ici, et même si c’est non, comme je m’en doute, au moins c’est à Lisbonne que j’aurais renoncé, et que tout sera fini, je trouve l’idée très romantique ..
Donc voilà, les dés sont jetés, et je pars soulagée pour cette journée qui sera très passable, encore pire qu’hier, car il fait de plus en plus chaud et lourd malgré le ciel tout bleu, et à Belem il y a foule : des dizaines de cars sont rangés le long du parc, et on croise ces troupeaux ridicules menés par une cheftaine qui brandit un fanion !
Plutôt mourir que voyager un jour dans ces conditions ! c’est pour cela que je ne vais pas en Asie, en Russie, parce là je sais bien qu’il me faudrait un groupe .. Seule avec mon petit sac à dos, je me sens fière et indépendante, libre de me poser à l’ombre autant que j’en ai envie.
Car il fera très chaud en ce dernier jour, et tout me pèse, Lisbonne est une ville pour l’hiver, c’est évident, je n’en peux plus de ces gens en short et tongs, et la promenade de l’Estoril n’est jamais aussi belle que le long de plages désertes et ensoleillées, dans la lumière rasante de février ..
Je suis contente d’avoir jeté les dés, la décision est entre ses mains et ce soir je saurai.
Cela donne un certain charme à ma promenade, mais je sais aussi m’amuser de voir tous ces jeunes en uniforme sévère noir et blanc, se tremper et danser dans une des fontaines du Rossio ! depuis que je suis là, ils parcourent la ville en chantant, pour des formes de bizutage sans doute, accompagnés souvent de « nouveaux » affublés de coiffures ridicules.
Le soir tombe enfin et le feu du ciel s’apaise, il fait bon maintenant, je rentre le plus tard que je peux, je bois une dernière bière à l’Alentejo, comme il y a deux ans ici même, je suis prête au sacrifice, c’est impossible de continuer comme ça, je ne reconnais plus en lui l’homme que j’aime, c’est un peu comme avec G. sur la fin. Ce refius de communiquer, cette aigreur, et si c'est voulu c'est encore plus détestable.
Je crois que l’esprit des hommes s’évanouit avec leur désir : finies les tendres joutes, les réparties amusantes, les échanges spontanés, les secrets, les aveux, il n’y a plus que la météo et c’est inadmissible !
C’est quand on n’est plus amoureux qu’on devient c … il faut croire.
Le 28 n’arrive pas, sans doute coincé dans les bouchons. Alors je grimpe à pied les pentes de l’Alfama, pour arriver à mon quartier de Graça. A peine fatiguée, et profitant ainsi des miradors qui se succèdent le long du chemin.
Comme les gens sont laids, contrairement au paysage ! ces femmes sans age, ingrates,cheveux courts, lunettes, pantalons beige, ces hommes ennuyés et ventrus, à de rares exceptions près ! et moi qui n’a pas su garder mon amant, belle et intelligente comme je suis ( !) On se demande vraiment, où est la justice en ce bas monde.
Tout ce verbiage pour arriver à dire qu’en ouvrant mon ordinateur hier soir, eh bien il n’y avait RIEN ! rien de chez rien : selon docti n’a pas lu mon message ni aucun commentaire ni photos !
Il m’a coupé mon effet romanesque en se dérobant. A 50% il a lu, mais fait semblant de ne pas l’avoir lu (en marquant le message comme « non lu ») : lâcheté pure et simple de n’avoir pas à dire oui, ni non. Je m’attendais à tout sauf à ça.
Je rédige un autre message en effaçant celui la, sans proposition marseillaise, puis je finis par l’effacer aussi. Demain samedi s’il est de garde il ne trouvera rien.
OK j’ai mis le feu aux poudres en répondant vivement à sa provocation météo. Mais je ne le regrette pas. Ça devenait trop dur de parler sans se parler.
Il a du trouver notre histoire trop forte pour lui, pour sa petite santé, oui je préfère penser cela.
Alors tant pis pour lui. Avec moi il a perdu beaucoup et il ne tardera pas à s'en apercevoir et à s'ennuyer dans sa vie bien réglée, bien surveillée.